LA JUSTICE EST LA VÉRITÉ EN ACTION. (J.Joubert)

AMERE PATRIE ,LA FRANCE NON RECONNAISSANTE


Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur. (proverbe africain)

As long as lions have not their own historians,hunting tales will keep glorifying the hunter.(African proverb)



DE NOMBREUX COMBATS SONT A MENER DANS LA SOCIETE DANS LAQUELLE NOUS VIVONS;J'AI CHOISI LE MIEN :LA BATAILLE CONTRE L'INJUSTICE.
DANS CET ORDRE D'IDEE,UN DE MES CHEVAUX DE BATAILLE EST LA SITUATION DES ANCIENS COMBATTANTS AFRICAINS TRAHIS PAR LA FRANCE.

LA FRANCE SE DOIT UN DEVOIR DE MEMOIRE AFIN QUE JUSTICE SOIT RENDUE AUX CENTAINES DE MILLIERS D'AFRICAINS MORTS POUR UN PAYS QU'ILS CROYAIENT LEUR PATRIE.
AINSI C'EST PAR CENTAINES DE MILLIERS QUE DES SOLDATS D'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE ,D'AFRIQUE EQUATORIALE FRANCAISE ,D'AFRIQUE DU NORD FRANCAISE (MAROC,ALGERIE,TUNISIE),ONT ETE CONSCRITS DANS L'ARMEE FRANCAISE.
PLUS DE 2.5 MILLIONS SONT MORTS EN FRANCE DANS LA SOMME,A VERDUN....,A BIR HAKEIM EN LYBIE.


CE DEVOIR DE MEMOIRE SERA RETABLI QUAND LA FRANCE RECONNAITRA LA CITOYENNETE FRANCAISE IPSO FACTO AUX DERNIERS SURVIVANTS AINSI QU'AUX ENFANTS , PETITS ENFANTS ET ARRIERES PETITS ENFANTS DE CES HEROS AFRICAINS QUI ONT VERSE LEUR SANG POUR QUE LA FRANCE DEMEURE UN PAYS LIBRE.

COMBATTRE LA FALSIFICATION DE L'HISTOIRE TEL EST AUSSI L'AUTRE BUT DE MON BLOGUE.
LA VERITE SUR CES FAITS HEROIQUES DES VALEUREUX TIRAILLEURS AFRICAINS DEVRA AUSSI ETRE RELATEE DANS TOUS LES LIVRES D'HISTOIRE DE FRANCE ET DE NAVARRE.

CE BLOGUE EST DEDIE A LA MEMOIRE DE TOUS CES HEROS AFRICAINS DES DEUX PREMIERES GUERRES MONDIALES AUJOURDHUI DISPARUS ET AUX SURVIVANTS DES GUERRES ( 1939-45), D'INDOCHINE ET D'ALGERIE.

E. do REGO

LA DETTE DE SANG DE LA FRANCE

LA FRANCE ATTEND LA DISPARITION DES DERNIERS COMBATTANTS AFRICAINS POUR EFFACER DE NOS MÉMOIRES LEUR DON DE SOI POUR UNE NATION AUJOURD'HUI INGRATE.

NOUS SOMMES LÀ POUR DÉFENDRE CES CENTAINES DE MILLIERS DE TIRAILLEURS AFRICAINS ET QUOIQUE QU'IL ARRIVE,NOUS PERPÉTUERONS LEUR MEMOIRE POUR LES GÉNÉRATIONS A VENIR.

LA FRANCE DOIT PAYER SA DETTE DE SANG DUE AUX TIRAILLEURS AFRICAINS MORTS POUR ELLE .
LA MOINDRE CHOSE QUE CETTE FRANCE DITE DES DROITS DE L'HOMME SE DOIT DE FAIRE :

RECONNAITRE ET ACCORDER IPSO FACTO LA CITOYENNETÉ FRANÇAISE DE PLEIN DROIT AUX TIRAILLEURS AFRICAINS MORTS ,AUX SURVIVANTS ET AUX DESCENDANTS DE TOUS CES SOLDATS AFRICAINS QUI SE SONT LEVÉS COMME UN SEUL HOMME POUR SAUVER LA FRANCE DE LA BARBARIE EUROPÉENNE.

E. do REGO

Hommage au tirailleurs sénégalais Slam par Manu poéme de léopold Senghor

Hommage aux Tirailleurs Africains

ekodafrik.net- Hommage aux Tirailleurs Africains
Video sent by ekodafrik

Depuis un certain nombre d’années, à l’initiative de l'AMAF (Amis de l'Afrique Francophone), de l'ANEB (Association Nationale des Elus Des Banlieues) et de plusieurs autres associations, un hommage solennel est rendu aux Tirailleurs Africains morts pour la France. Ce 8 mai 2007, une cérémonie a eu lieu au Tata Sénégalais de Chasselay (69) en présence des autorités. Plusieurs gerbes ont été déposées en souvenir de ces vaillants combattants. Il est à rappeler que ces derniers combattaient encore pendant que les Allemands défilaient déjà en plein centre de Lyon puisque la ville avait été déclarée «ouverte» par le Maire Edouard HERRIOT. Tous ces combattants appartenaient à la 3ème compagnie du 25ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais. Ces vaillants soldats sont la FIERTE des Noirs de France au moment où certains ont tendance à croire qu’ils sont les seuls dépositaires de «l’identité nationale». Dans le reportage vidéo, vous pourrez voir les réactions du doyen BALDE (ancien combattant de Guinée), Sabiha AHMINE (Adjointe au Maire de Lyon), Hassan DIALLO (Conseiller du Président du Niger), Reski SEBAÏ (Lycée Al Kindi), Bacary GOUDIABY (Akody sur Radio Pluriel 91.5 fm Lyon), Azzedine GACI (président du conseil régional du culte musulman Rhône-Alpes) et le Père DELORME.

LES OUBLIÉS DE LA RÉPUBLIQUE




Le 16 juin 2009

046.1241854637

Photographies Philippe Guionie, Prix Roger Pic 2008 pour son portfolio Le tirailleur et les trois fleuves. Ouvrage : Anciens combattants africains, Éd. Les Imaginayres

Paris, 17 juin 2009
- A chaque commémoration nationale (11 novembre, 8 mai, 6 juin, 15 Août), le sort miséreux des anciens combattants arabes et africains, musulmans ou chrétiens de l’armée française, laissés à leur sort, refait surface, dans une sorte de réflexe pavlovien traité périodiquement par la presse comme la marque de soulagement de la bonne conscience française d’une mauvaise conscience chronique. «Les oubliés de la République» ne le sont pas vraiment. Ils sont volontairement maintenus en l’état, volontairement maintenus dans l’oubli de leur condition malgré l’émotion soulevée par le film «Indigènes» en 2006 dans la foulée des émeutes des banlieues françaises, malgré la surprise feinte de la classe politico médiatique face à cet aspect hideux de la bureaucratie française.
Au delà des indignations de circonstance, il traduit la permanence d’une posture proto fasciste inhérente à tout un pan de la société française.

La France qui se refuse aux statistiques ethniques comme contraires aux principes fondateurs de la République française (Egalité et Fraternité), est, en fait, un ferme partisan de cette pratique discriminatoire dans la rétribution de ses anciens combattants d’origine non française, et, même au-delà, dans la mobilité sociale des diverses composantes de la société française.

Pour mémoire, le bilan des pertes indigènes pour les deux grandes guerres mondiales du XX e siècle, s’est élevé, rien que pour les tués, à 113.000 morts, soit autant que la population conjuguée des villes de Vitrolles et d’Orange, les deux anciens fiefs du Front National. Il n’était pas alors question de «seuil de tolérance», encore moins de test ADN, ni de charters de la honte, mais de sang à verser à profusion, comme en témoigne le tableau suivant:

1-La contribution globale des colonies à l’effort de guerre français

La contribution globale de colonies à l’effort de guerre français pour la 1ère Guerre Mondiale (1914-1918) s’est élevée à 555.491 soldats, dont 78.116 ont été tués et 183.903 affectés à l’arrière à l’effort de guerre économique en vue de compenser l’enrôlement de soldats français sur le front (1). L’Algérie, à elle seule, a fourni 173.000 combattants musulmans, dont 23.000 ont été tués, et 76.000 travailleurs ont participé à l’effort de guerre, en remplacement des soldats français partis au front. La contribution totale des trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc) s’est élevée à 256.778 soldats, 26.543 tués et 129.368 travailleurs. L’Afrique noire (Afrique occidentale et Afrique équatoriale) a, pour sa part, offert 164.000 combattants dont 33.320 tués, l’Indochine 43.430combattants et 1.123 tués), L’Ile de la Réunion 14.423 combattants et 3.OOO tués, Guyanne-Antilles (23.OOO combattants, 2037 Tués).

Pour la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945): La première armée d’Afrique qui débarqua en Provence (sud de la France), le 15 août 1944, avait permis d'ouvrir un deuxième front en France après le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. Cette armée de 400.000 hommes, comptait 173 000 arabes et africains dans ses rangs. De juin 1940 à mai 1945, cinquante cinq (55 000) Algériens, Marocains, Tunisiens et combattants d'Afrique noire furent tués. 25 000 d'entre eux servaient dans les rangs de l'armée d'Afrique.
Durant la campagne d’Italie, marquée par la célèbre bataille de Monte Cassino, qui fit sauter le verrou vers Rome, et, à ce titre, célébrer comme la grande victoire française de la II me guerre mondiale, sur les 6.255 soldats français tués, 4.000, soit les deux étaient originaires du Maghreb et parmi les 23.5000 blessés, 15.600, soit le tiers étaient du Maghreb. Ahmad Ben Bella, un des futurs chef de file de la guerre d’indépendance algérienne et premier président de l’Algérie indépendante figurait parmi les blessés de la bataille de Monte Cassino. Il en est de même de la campagne d’Allemagne, sur les 9.237 tués, 3.620 étaient des enrôlés du Maghreb, et sur les 34.714 blessés, 16.531 étaient Maghrébins.

2- «Les oubliés de la République», la permanence d’une posture raciste.

Le maintien d’une pratique discriminatoire dans la rétribution des anciens combattants d’origine non française traduit le mépris de la France à l’égard de ses anciens servants, et pis, à l’égard de ses propres principes. Elle porte la marque d’un racisme institutionnel subliminal dans le droit fil des notations des travailleurs coloniaux de l’entre deux guerres (1919-1939). A l’instar d’une cotation boursière sur un marché de bétail, ceux-ci les étaient déjà à l’époque crédités de points, avec les responsabilités et rétributions y afférentes, en fonction de leur nationalité et de leur race avec de subtiles distinctions selon leur lieu de provenance. Ainsi le Chinois se situait au bas de la hiérarchie, sa production évaluée à 6 sur une échelle où le Marocain était placé à 8, l’Algérien (arabe), le Kabyle et le Grec à 10, l’Italien et l’ Espagnol à 12, alors que le Français se trouvait dans tous les classements naturellement au sommet de la hiérarchie avec une note inégalable de 20 sur 20. Score jamais enregistré par aucune autre nationalité, sous aucun autre ciel, dans aucune autre compétition (2).

La France a décidé de geler le montant des retraites des combattants étrangers en raison du poids financier que cette charge représentait pour le budget français, habillant cette mesure économique de considérations morales: geler le niveau de la retraite à la date de l’indépendance de leur pays respectif pour marquer la scission d’avec la métropole. Ce geste symbolique de rupture occulte le fait que les anciens combattants avaient servi leur colonisateur et non leur pays d’origine.

Argument fallacieux s’il en est, il ne résiste pas à l’analyse pas plus que l’argument de rechange qui relevait, lui aussi, de la pure casuistique: Le gel de pensions à leur niveau de l‘accession à l’indépendance du pays concerné évitait que les retraités indigènes ne disposent de revenus plus importants que leurs compatriotes non combattants de leur pays d’origine, afin de prévenir toute déstabilisation de leur environnement local. Une sorte de nivellement par le bas enrobé du pompeux mot de «cristallisation», par analogie au phénomène chimique.

Les circonvolutions juridiques ne changeront rien à la réalité des choses, et, au-delà des considérations économiques, la décision française induit implicitement un jugement moral sur la valeur respective du sang français et du sang indigène sur la bourse des valeurs entre des frères d’armes qui encourrait pourtant à l’époque le même péril dans un même combat. Comment justifier, sinon, cette discrimination dans le traitement d’un ancien combattant français qui perçoit 600 euro par mois d’indemnités, d’un sénégalais 100 euro par mois ou, pis, d’un marocain qui a droit à 60 euro par mois, soit dix fois moins que le français, sous réserve d’une obligation de résidence de neuf mois par France par an.

N’en déplaise à personne, la disparité des retraites constitue sans contestation possible une forme insidieuse de la diversité à la française ancrée durablement dans la conscience nationale et que le président Nicolas Sarkozy se propose de réactualiser comme antidote au principe fondateur de la République française, le principe d’égalité. La pension de retraite des anciens combattants indigènes apparaît ainsi comme un salaire ethnique, inique et cynique. Une discrimination injustifiable tant au niveau du droit que de la morale, en ce qu’elle aboutit à pénaliser des étrangers pour leur suppléance de la défaillance des Français dans la défense de leur propre territoire national. Une double peine en somme en guise de gratitude.

Son maintien, en dépit des critiques, signe la permanence de la filiation gobino-darwiniste du corpus juridique français matérialisée par la codification du Code Noir de l’esclavage (pour le continent noir) et le Code de l’Indigénat (pour les musulmans d’Algérie), au XVIIIe et XIXe siècle.
Une filiation confirmée au XXe siècle par la mise en œuvre d’une théorie raciale des valeurs avec la notation des travailleurs coloniaux selon un critère ethnique, la mise sur pied des »zoos humains» de même que d’un «bureau des affaires nord africaines» dans l’entre deux guerre (1919-1939), précurseur du «Commissariat aux affaires juives» et de l’imposition de «l’étoile jaune» sous le régime de Vichy (1940-1944). Une filiation réitérée, enfin, au XXIe siècle, par la discrimination salariale des anciens combattants basanés et le test ADN pour le regroupement familial des travailleurs expatriés de l’ère sarkozy.

Cette approche raciale est en contradiction avec la contribution des peuples basanés à la liberté de la France et à sa reconstruction, en contradiction aussi avec les principes universalistes que la «Patrie des Droits de l’Homme» ambitionne de véhiculer à travers le monde, une théorie qui dessert enfin la France et son obère son discours humaniste.

3- Du rôle positif des colonisés par rapport à leur colonisateur

La France, pour douloureux que soit ce constat pour notre amour propre national, a été le seul grand pays européen à l’articulation majeure des deux grands fléaux de l’Occident de l’époque contemporaine, «les penchants criminels de l’Europe démocratique» (4), la traite négrière et l’extermination des Juifs, contrairement à la Grande Bretagne qui a pratiqué la traite négrière exclusivement, sans aucunement participé à l’extermination des Juifs, contrairement même à l’Allemagne qui a conçu et réalisé, elle, la solution finale de la question juive, mais sans participation significative à la traité négrière.

Elle se distingue aussi des autres grands pays occidentaux non seulement dans le traitement réservé à ses anciens combattants indigènes, mais aussi dans sa dette morale à leur égard. Jamais pays au monde n’a été autant que la France redevable de sa liberté aux colonies, jamais pays au monde n’a pourtant autant que la France réprimé ses libérateurs souvent de manière compulsive.

Là réside le paradoxe de la France: Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, dans une « querelle de blancs », avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière suffisamment répétitive pour ne pas être un hasard, à Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à Madagascar, en 1947, enfin, au Cameroun, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.

En Grande Bretagne, contrairement à la France, la contribution ultramarine à l’effort de guerre anglais a été de nature paritaire, le groupe des pays anglo-saxons relevant de la population Wasp (White Anglo Saxon Protestant), -Canada, Australie, Nouvelle Zélande-, a fourni des effectifs sensiblement égaux aux peuples basanés de l’empire britannique (indiens, pakistanais etc.). Il s’en est suivi la proclamation de l’Indépendance de l’Inde et du Pakistan en 1948, au sortir de la guerre, contrairement, là aussi, à la France qui s’engagera dans dix ans de ruineuses guerres coloniales (Indochine, Algérie).

Autre paradoxe, leur stigmatisation par le terme «Bougnoule» (5), terme pourtant qui tire ainsi son origine de l’expression argotique de cette supplique ante mortem. Par un dévoiement de la pensée sans doute unique au monde, la revendication ultime préludant au sacrifice suprême -«Aboul Gnoul, apporte l’alcool»- le breuvage galvaniseur de l’assaut des lignes ennemies, finira par constituer la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.

Dans les ouvrages français, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique: «Le bougnoule, nom masculin apparu en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XX me siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux Nord-Africains. Synonyme de bicot et de raton». Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les «mélanodermes», arabo-berbères et négro-africains, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par «ratonnade» une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.

Bougnoule finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, qui étaient en fait les défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera parfois d’une façon hideuse, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral.......

Un pays qui ignore son histoire a tendance à la répétition et les opérations de récupération paraissent inopérantes pour la pédagogie nationale. Il en va du salaire ethnique des anciens combattants «basanés» comme de l’exaltation du martyr du jeune résistant communiste Guy Môquet (6) qui demeurera, lui aussi sans portée thérapeutique aussi longtemps que ne seront dénoncés, ses bourreaux, ceux qui ont inscrit son nom sur la liste des suspects comme ceux qui l‘ont livré aux Allemands, c'est-à-dire la police française et le ministre de l’intérieur de l’époque, le lointain prédécesseur de Nicolas Sarkozy auteur de cette mystification mémorielle. ...

De la même manière que les marronniers sur les oubliés de la République continueront de relever d’un pur exercice de style aussi longtemps que le silence sera maintenue sur la rémunération ethnique comme la face hideuse du racisme institutionnel français.

Références

1- Cf.: «L’Empire dans la guerre» publication du service historique de l’armée, dont le document mentionne le critère religieux des soldats originaires d’Afrique. Ce document est publié en annexe du livre «Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français», René Naba/ Harmattan 2002

2- «Une théorie raciale des valeurs? Démobilisation des travailleurs immigrés et mobilisation des stéréotypes en France à la fin de la grande guerre» par Mary Lewis, enseignante à la New York University, in «L’invention des populations», ouvrage collectif sous la direction d’Hervé Le Bras (Editions Odile Jacob).

3- «La France dans toutes ses déclinaisons, A propos du rôle positif de la colonisation: Déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française» Cf. :«De notre envoyé spécial, un correspondant sur le théâtre du monde» René Naba Harmattan Mai 2009

4- «Les penchants criminels de l’Europe démocratique»- Jean Claude Milner - Editions Verdier 2003

5- A propos du terme Bougnoule, ses origines, sa définition et sa portée symbolique: http://latelevisionpaysanne.fr/video.php?lirevideo=109#109

Et dans sa version mixée en reggae : http://www.jamendo.com/us/album/972/

6- «Cf.: «Comment Nicolas Sarkozy écrit l’Histoire de France» de l’affaire Dreyfus à Jean Jaurès à Guy Môquet, au plateau de Glières. Par Laurence de Cock, Fanny Madeleine, Nicolas Offenstadt et Sophie Wahnic- Editions Agone 2008.



René Naba : Ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information, est l’auteur notamment des ouvrages suivants : —« Liban: chroniques d’un pays en sursis » (Éditions du Cygne); « Aux origines de la tragédie arabe"- Editions Bachari 2006.; "Du bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français"- Harmattan 2002. « Rafic Hariri, un homme d’affaires, premier ministre » (Harmattan 2000); « Guerre des ondes, guerre de religion, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen » (Harmattan 1998).






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AMERE PATRIE

Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur. (proverbe africain)



DE NOMBREUX COMBATS SONT A MENER DANS LA SOCIETE DANS LAQUELLE NOUS VIVONS;J'AI CHOISI LE MIEN :LA BATAILLE CONTRE L'INJUSTICE.
DANS CET ORDRE D'IDEE,UN DE MES CHEVAUX DE BATAILLE EST LA SITUATION DES ANCIENS COMBATTANTS AFRICAINS TRAHIS PAR LA FRANCE.

LA FRANCE SE DOIT UN DEVOIR DE MEMOIRE AFIN QUE JUSTICE SOIT RENDUE AUX MILLIONS D'AFRICAINS MORTS POUR UN PAYS QU'ILS CROYAIENT LEUR PATRIE.
AINSI PLUS DE 5 .5MILLIONS D'AFRICAINS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE ,DE L'AFRIQUE EQUATORIALE FRANCAISE ,L'AFRIQUE DU NORD FRANCAISE (MAROC,ALGERIE,TUNISIE),ONT ETE CONSCRITS DANS L'ARMEE FRANCAISE.
PLUS DE 2.5 MILLIONS SONT MORTS EN FRANCE DANS LA SOMME,A VERDUN....,A BIR HAKEIM EN LYBIE.


CE DEVOIR DE MEMOIRE SERA RETABLI QUAND LA FRANCE RECONNAITRA LA CITOYENNETE FRANCAISE IPSO FACTO AUX DERNIERS SURVIVANTS AINSI QU'AUX ENFANTS , PETITS ENFANTS ET ARRIERES PETITS ENFANTS DE CES HEROS AFRICAINS QUI ONT VERSE LEUR SANG POUR QUE LA FRANCE DEMEURE UN PAYS LIBRE.

COMBATTRE LA FALSIFICATION DE L'HISTOIRE TEL EST AUSSI L'AUTRE BUT DE MON BLOGUE.
LA VERITE SUR CES FAITS HEROIQUES DES VALEUREUX TIRAILLEURS AFRICAINS DEVRA AUSSI ETRE RELATEE DANS TOUS LES LIVRES D'HISTOIRE DE FRANCE ET DE NAVARRE.

CE BLOGUE EST DEDIE A LA MEMOIRE DE TOUS CES HEROS AFRICAINS DES DEUX PREMIERES GUERRES MONDIALES AUJOURDHUI DISPARUS ET AUX SURVIVANTS DES GUERRES ( 1939-45), D'INDOCHINE ET D'ALGERIE.

E. do REGO

LA FRANCE ET SES NOIRS DEPUIS L'ESCLAVAGE

Le 10 mai 2006, la France commémore pour la première fois de
son histoire, l'abolition de l'esclavage.

Ce documentaire, tourné en
France métropolitaine, aux Antilles et au Sénégal, soulève la "question
noire" qui se pose aujourd'hui.

Voir la video en cliquant sur le lien ci-dessous:

http://video.kemmiou.com/index.php?welches=view&ref=catSearch&addRef=1&wID=383&PHPSESSID=088e40ad402eea846ece816aebc6b853

NOIRS - L'IDENTITE AU COEUR DE LA QUESTION NOIRE EN FRANCE

NOIRS - L'IDENTITE AU COEUR DE LA QUESTION NOIRE

Durée : env. 50mn

Le 10 mai 2006, la France commémore pour la première fois de son histoire, l'abolition de l'esclavage. Ce documentaire, tourné en France métropolitaine, aux Antilles et au Sénégal, soulève la "question noire" qui se pose aujourd'hui. Il s'agit d'un sujet brûlant et parfois confus découlant souvent d'une méconnaissance de l'histoire de l'esclavage et de la décolonisation entretenue dans le pays. Quels sont les effets de la traite négrière et de la colonisation dans la représentation des Noirs au sein de la société française actuelle ? Existe-t-il une histoire commune à tous les Noirs ? En quoi le travail de mémoire est-il indispensable ? Quel lien peut-il exister entre un Antillais et un descendant de tirailleur sénégalais qui se retrouvent autour de revendications semblables ? Quelle est la condition noire et où en est l'intégration de cette minorité ethnique en France ? S'appuyant sur de nombreux témoignages parmi lesquels ceux de Christiane Taubira, Disiz La Peste ou Aimé Césaire, ce film tente de répondre à ces questions. Mené sous la forme d'une enquête et ponctué d'images d'archives, il retrace aussi les différentes périodes historiques qui ont lié la France à la communauté noire.

1ère partie: http://www.dailymotion.com/visited/wanzea/video/xuc1p_noirs-1ere-partie

http://wanzea.free.fr/

Sunday, May 28, 2006

France : La face occultée de ton passé

France : La face occultée de ton passé (1ère partie)

Depuis la fin de la colonisation vers 1960 en Afrique, les Français d'origine étrangère en particulier les Africains du Maghreb et du sud saharien n'ont jamais été assimilés ou intégrés. Certains diront qu'il y a eu quelques exceptions, mais l'exception ne fait pas la règle. Elle est donc négligeable car elle n'est pas visible par rapport à la grande masse. Sous la 4ème république, les ministres ou élus d'origine africaine, certes peu nombreux, ont existé. Puis ils ont disparu pour ne plus jamais apparaître après 1959. S'agit-il d'une rupture totale avec l'afrique après l'indépendance des colonies ou une politique de la France réservée aux seules élites gaulloises ?.

Tout africain venu étudier en France est surpris de constater que ces "frères" occupent des postes peu honorables : ils ne sont pas cadres dans l'administration, ni à l'éducation, ni dans les hôpitaux ! Il ne sont même pas dans le monde politique. C'est comme s'ils n'étaient pas compétents ou incapables d'assumer les fonctions nobles de la cité. Par contre dans les rues de Paris par exemple, les africains, balai à la main, s'occupent de nettoyer les trottoirs et ses innombrables crottes de chien, alors qu'ils ne le feraient pas pour rien au monde pour leur propre pays.

Tout africain ou européen est étonné de voir dans les autres grandes métropoles occidentales multiraciales, notamment à Londres, au Canada, ou à New-York, le brassage inter-racial saute aux yeux. Il est partout. A Paris, c'est dans le métro, le RER ou les bus où le faux brassage brille de mille feux. Une fois sortis du transport en commun, la ségrégation sociale pour ne pas dire raciale reprend sa vraie place. Chacun se dirige vers son milieu pour occuper sa journée. A la sortie du RER A à la Défense, tous les passagers très bien vêtus se dirigeant dans le quartier New-Yorkais de Paris semblent être de même souche biologique. Le balayeur ou le vigile souvent aussi diplômé que le cadre d'une entreprise installée à la Défense, est de souche différente.

Un visite-éclair dans le 18 ème arrondissement de Paris et le 16ème en empruntant le PC (bus articulé circulant sur les boulevards des Maréchaux) permet de constater que la même ségrégation : le 18ème appartient à la population africaine et le 16ème ou le 7, 8ème à la souche pure. Pourquoi c'est ainsi ?

Ces populations des beaux quartiers oublient une chose : les parents ou arrières-parents des populations du 18ème arrondissement de Paris ont contribué à libérer ces beaux quartiers l'arme à la main pour chasser l'occupant Nazi. Les cadres des bureaux climatisés ignorent que sans la présence des tirailleurs africains, ils ne seraient peut-être pas là aujourd'hui, que ces bâtiments ont vu mourir de nombreux maçons, peintres, chaudronniers pendant leur construction. Ils étaient en majorité tous d'origine étrangère. Ils gagnaient peu d'argent, vivaient dans des conditions inhumaines très loin de beaux quartiers.

La France a fait venir des africains pendant les deux guerres mondiales, elle a fait entrer des africains pour bâtir le pays ravagé par les bombes allemandes. Puis après la France commençant à s'embellir ne reconnaît plus les africains qui ont contribué à sa libération et à son essor. Petit à petit depuis 1973, la France "accueillante" est devenue la France du rejet de l'africain.

Nous espérons que la raison humaine l'emportera sur l'action négative sur un "frère", comme le dirait le prêtre à la messe, venu d'ailleurs trouver son bonheur loin des siens.

Nb : Il s'agit de la France politique. Le peuple français ouvert aux autres comme tous les peuples du monde suit le politique très aveuglement pour l'imiter souvent.
Atention : Je n'ai rien contre les beaux quartiers, ni les cadres. Je n'ai fait que donner quelques observations .

France : La face occultée de ton racisme (2ème partie)

DISCRIMINATIONS AU TRAVAIL L’Éducation nationale, une entreprise comme les autres ?

L’école, comme protégée « a priori » du racisme, est pourtant un lieu où les personnels subissent différentes formes de discriminations ethniques. Le silence sur ces pratiques oblige à questionner ouvertement le fonctionnement de l’institution scolaire. quelles sont les relations entre acteurs scolaires qui sont prises comme objet de réflexion ? Ce sont celles qui mettent en rapport les personnels éducatifs et les élèves ou ces mêmes personnels et les familles ou les élèves entre eux ou les familles entre elles ou encore les établissements et leur environnement social et institutionnel plus ou moins large.

Discrimination à l’embauche et ethnostratification du travail
Au cours d’une enquête sur les personnels éducatifs « noirs », Bérard a constaté que, parmi son échantillon, cinq des maîtres auxiliaires interviewés faisaient état de difficultés spécifiques lors de leurs démarches de titularisation : « Ils les ont tous rencontrées après avoir acquis la nationalité française et après avoir réussi la partie écrite du concours. Ils ont tous dû recommencer plusieurs fois les oraux et/ou leur année de stage. Ils sont pour la plupart docteurs. En tant que maîtres auxiliaires, ils font l’objet de plus d’inspections que les titulaires et d’un rapport annuel du chef de l’établissement où ils exercent. Ces rapports et inspections sont corrects jusqu’au jour de leur tentative de titularisation ». Sans doute ne sont-ils pas les seuls maîtres auxiliaires à connaître des difficultés de titularisation. La tendance à maintenir un volant de personnels précaires, privés en pratique de certains droits élémentaires comme l’assurance chômage, semble d’ailleurs avoir connu un regain de vigueur ces dernières années. Cependant, cette orientation politique trouve une « clientèle » de choix parmi les non-nationaux qui permettent de combler à moindre coût les déficits d’enseignants, en particulier dans les disciplines scientifiques et techniques. Or, ces quelques exemples semblent indiquer que l’obtention de la nationalité française ne change pas fondamentalement l’image de personnels d’appoint attachée aux maîtres auxiliaires originaires des anciennes colonies. Dans cet exemple, tous cinq sont qualifiés d’un point de vue disciplinaire (la plupart sont docteurs, contrairement à la majorité des certifiés), tous ont une expérience pédagogique « contrôlée », tous réussissent la partie écrite du concours, celle qui est « aveugle », et tous butent sur l’obstacle des épreuves qui se passent en face à face, c’est-à-dire des épreuves au cours desquelles ils ne peuvent masquer leurs caractéristiques somatiques. On voit ici comment, une fois disparu le motif de discrimination légale (la clause de nationalité pour l’entrée dans la fonction publique), celle-ci peut se transformer en discrimination institutionnelle qui perpétue, sur le mode routinier, la place précaire assignée à ces agents supplétifs. Comme dans la plupart des cas de ce type, il est impossible d’avoir la preuve de l’intention discriminatoire des recruteurs, ce qui est d’ailleurs une question secondaire par rapport à celle du résultat. Et comme de coutume, les protestations de ceux qui se sentent discriminés sont considérées comme une manière de masquer leurs propres insuffisances. C’est ce qui se produit lorsqu’un de ces enseignants, après avoir fini par obtenir sa titularisation, fait circuler une pétition de protestation concernant un cas similaire au sien. Il s’entend alors répondre, de prime abord, par ses collègues qu’il ne s’agit pas de racisme mais d’incompétence. Suffisamment compétent pour faire le travail à titre précaire mais insuffisamment pour être titularisé, on retrouve là une des caractéristiques de la situation minoritaire qui contraint en permanence à faire et à refaire la preuve de qualités dont le majoritaire est spontanément crédité. Les « issus de » peuvent donc faire partie de la communauté des agents scolaires mais, a priori, ils risquent de ne pas être perçus comme pouvant occuper n’importe quelle place dans l’institution. C’est aussi ce qu’indique le cas de cette jeune professeur des écoles « noire », française née de parents français, rencontrée dans le cadre de cette même enquête : « Entre les mois de mai et de juillet, elle a effectué des remplacements dans douze écoles primaires et maternelles différentes. Dans une seule d’entre elles, elle n’a pas été prise pour l’ATSEM chargée de l’entretien de la classe ». Emplois précaires ou fonctions subalternes (rattachées de surcroît à la fonction publique territoriale dans le cas des ATSEM), là aussi il y a une frontière qui délimite des « nous » et des « eux » au sein même des agents scolaires. Mais cette ethnicisation – ou, ici, cette racisation – est entièrement imputée. Ce ne sont pas ces maîtres auxiliaires qui cherchent à être titularisés en tant que « noirs », ni cette professeure des écoles qui se présente comme faisant partie du personnel de service. Ils sont pris dans un rapport social qui s’exprime notamment par des représentations de l’ethnostratification du travail dans le champ scolaire qui sont utilisées en pratique. Des minoritaires pour s’occuper des histoires de minoritaires Lorsque l’obstacle du recrutement est levé et que le statut professionnel est reconnu, le traitement différencié des « issus de » ne disparaît pas forcément. Certains postes leur semblent plus particulièrement destinés et, inversement, d’autres paraissent ne pas devoir leur être accessibles. Certains cas montrent que la ségrégation entre élèves sur le marché scolaire peut avoir un pendant du côté des enseignants. Au nom de la « proximité culturelle », il semble naturel de les nommer dans les établissements à forte composante « ethnique » ou de leur attribuer les classes réputées les plus difficiles. Nul besoin d’y chercher une intention nuisible tant cela semble se passer sur le mode de l’évidence, comme l’exprime ce principal d’un collège particulièrement « chaud » de la banlieue lyonnaise interviewé par Balazs et Sayad : « Cette année, on a nommé un surveillant maghrébin », étudiant en mathématiques et se destinant au professorat. « Quand j’ai vu sa fiche de nomination [...] ma première réaction ça a été de me dire : “tiens, peut-être qu’au rec- torat, ils ont pensé que c’était bien, que ça allait bien se passer” et j’attendais avec intérêt, c’est la première fois que j’avais un surveillant maghrébin. Eh ben, le pauvre, il en a bavé [...] ». Ce sentiment d’évidence peut d’ailleurs être partagé par les enseignants concernés : « J’ai choisi de travailler en LEP car je me sens plus proche de cette population dont je suis issue, mais je ne mets jamais mes origines en avant ». C’est aussi « tout naturellement » que certaines autres affectations seront déconseillées, comme il est expliqué à cette CPE stagiaire « noire » : « à la fin de son stage, elle a été bien notée par ses tuteurs qui lui ont également mis une appréciation écrite positive. Mais lors de l’entretien, un de ses tuteurs lui a dit : “Vous réussirez toujours dans un collège comme celui-ci [à forte composante populaire et “immigrée”], mais dans un autre, genre Condorcet ou Henri IV, vous vous casserez les dents !” ». Là non plus, inutile de chercher des motivations « racistes ». Ces propos peuvent même s’interpréter comme une anticipation visant à protéger la future collègue d’éventuelles confrontations ouvertes avec la « clientèle scolaire ». Ce type de situations a été analysé dans le cas des agents de l’ANPE confrontés à des annonces plus ou moins explicitement discriminatoires. Si aucune politique globale n’est mise en oeuvre, chaque agent est alors pris dans une double contrainte : accomplir sa mission de service public en respectant les grands principes républicains d’égalité tout en tenant compte du risque de perdre des offres d’emploi, ce qui serait préjudiciable à l’ensemble des chômeurs. Dans ce contexte, une réponse usuelle consiste à chercher un compromis en évitant la confrontation directe entre des candidats stigmatisables et des employeurs connus pour leurs comportements discriminatoires. Le même type de contradiction se retrouve dans notre exemple, qui met en tension le principe égalitaire et le jeu de la concurrence pour la captation des « classes moyennes autochtones » entre privé et public, mais aussi entre les établissements publics. Car, sur le marché scolaire, la présence d’agents ethnicisés ou racisés peut être un élément motivant les choix des parents ou des élèves, comme l’évoque un rapport réalisé pour SOS Racisme sur la base de trois cents cas de discriminations traités par cette association : « Dans certains établissements, on note un comportement discriminatoire lié au refus de parents de voir l’enseignement transmis par des personnes d’origine étrangère ». Bérard en donne un exemple, avec le cas de ce professeur de technologie « noir » qui, alors qu’il était encore maître auxiliaire, s’est vu imposer une inspection exceptionnelle, sous la pression des parents relayant leurs enfants qui se plaignaient de son accent. Ce n’est qu’au terme de toute une procédure qu’il a été admis que cet enseignant était compréhensible et qu’il assumait normalement sa fonction. Il est parfaitement respectable que des personnels éducatifs « issus de » soient motivés pour travailler avec des publics populaires et ethnicisés. Ce qui pose problème, c’est lorsque ce souhait et cette relative identification à leur public sont pris pour une norme, pour ne pas dire une obligation. Comme s’il était acquis que c’était aux minoritaires de s’occuper des « histoires » de minoritaires ou de se cantonner aux emplois les moins valorisés. Cette orientation vers les fonctions, les établissements et les classes les plus difficiles fonctionne aussi comme un message décryptable par les élèves et leurs familles, une sorte de balisage reflétant dans l’institution scolaire la structuration ethnique de l’ordre social. Si, du point de vue des usagers, il peut s’agir d’un fléchage de leur parcours, une manière de leur faire « avaler la pilule » de la ségrégation scolaire, du point de vue des agents cette expérience peut aussi être celle d’une violence subie, d’une dénégation de leur légitimité statutaire à occuper des positions valorisées. Nous avons vu, lors d’enquêtes dans d’autres cadres de travail, comment cette assignation des minoritaires à certains types de fonction passait par des formes d’apprentissage de leur situation dominée et, en particulier, par un rappel répétitif de leur défaut d’universalité. Les « plaisanteries » plus ou moins ouvertement racistes jouent un rôle central dans ce processus, en rappelant à ceux qui en sont la cible qu’avant d’être des individus, ils sont l’incarnation d’un groupe. Harcèlement raciste : les « blagues » comme forme de socialisation À cet égard aussi, l’école ne diffère pas fondamentalement des autres milieux de travail. Les moments de péritravail (temps de pause en salle des profs, échanges entre collègues à la cantine ou lors de soirées conviviales) fournissent le cadre principal à l’exercice de cette forme particulière d’humour. Mais ils n’en ont pas l’exclusivité, au risque de la faire alors apparaître plus nettement incongrue. Bérard relate ainsi le cas d’une principale de collège qui, lors des réunions de travail, s’adressait systématiquement à un enseignant « noir » de son établissement en usant d’un pseudo accent africain jusqu’à ce qu’une délégation de professeurs la contraigne à cesser ce manège et à présenter des excuses. Cependant, la plupart du temps, ce genre de « blagues » ne s’expriment pas dans le cadre de réunions officielles, et elles sont largement tolérées. De la sorte, la personne visée est obligée de gérer cette assignation identitaire, plus ou moins difficilement vécue, en mettant en oeuvre des stratégies variables. Selon les personnalités et les contextes, elle « jouera le jeu », en endossant un rôle caricatural, ou bien elle sera contrainte d’éviter autant que possible le contact avec ses harceleurs, ou encore elle refusera ce déni d’universalité, se faisant ainsi une réputation de susceptibilité, de manque d’humour voire de paranoïa. Qu’il s’agisse de plaisanteries brimades ou de pratiques discriminatoires, nos enquêtes dans différents milieux professionnels montrent que, très généralement, la plainte du minoritaire est rejetée, retournée à l’expéditeur. Les causes du problème sont renvoyées aux caractéristiques propres de la personne qui s’en estime victime. Or cette dénégation de la souffrance des victimes n’a pas seulement pour effet d’empêcher toute possibilité de contestation des hiérarchies ethniques, elle les redouble. La négation de la parole des victimes constitue un processus d’apprentissage qui aboutit à l’intériorisation de l’interdit pesant sur la remise en cause de ces rapports de domination ordinairement implicites. Elle peut être analysée comme une forme de socialisation au milieu de travail : à défaut de s’habituer à la violence raciste, le minoritaire doit apprendre à « faire avec ». Une hiérarchie passive face aux discriminations L’essentiel du problème vient de ce que l’institution scolaire tend à tolérer ce mode de pratiques et de comportements. Se pensant hors du rapport social raciste, l’Éducation nationale ne se dote donc pas des moyens de réagir et moins encore de prévenir, elle cherche prioritairement à se préserver de toute intervention extérieure. C’est ce que constatait SOS Racisme qui concluait ainsi le chapitre consacré à l’école dans le rapport cité précédemment : « À chaque signalement [de cas de discrimination concernant tant les élèves ou leur famille que des personnels], un courrier est envoyé à destination des responsables d’établissement, de l’inspection académique. [...] On note une lenteur particulière, parfois plusieurs mois. De plus, d’après les courriers reçus, malgré de nombreux témoins [...], d’après les administrations de l’Éducation nationale, il n’existe aucun problème dans aucune école [...], aucun problème n’a été reconnu, donc aucun responsable de ces actes délictueux n’a été sanctionné à notre connaissance ». De ce point de vue, il ne semble pas que la situation ait fondamentalement évolué au cours des trois dernières années. C’est ce que laisse penser le traitement d’un cas qui nous a été signalé dans l’ouest de la France. Une surveillante d’origine africaine se plaignait du harcèlement raciste et sexiste perpétué à son encontre par un CPE, son supérieur hiérarchique, sous la forme de « plaisanteries » répétitives ayant pour thème privilégié la sexualité supposée torride des femmes « noires ». Que s’est-il passé ? Tout d’abord, elle n’a reçu que peu de soutien de la part de ses collègues, certains y voyant une plaisanterie, d’autres jugeant que son attitude ambiguë était à l’origine de ses déboires. La hiérarchie de l’Éducation nationale s’est abstenue d’intervenir jusqu’à ce que, sous la pression des organisations syndicales, la surveillante obtienne sa mutation pour un autre établissement. Quant à l’auteur présumé des faits, il n’a, pour sa part, subi aucune sanction. Une plainte au pénal a été déposée qui a été classée sans suite par le parquet, faute de preuves. Quant à la CODAC territorialement compétente, elle a refusé de se saisir du dossier en se retranchant derrière le dépôt de plainte et la nécessité d’attendre d’éventuelles suites judiciaires. Cela s’explique d’autant plus facilement que l’inspecteur d’académie, vice-président de droit de cette instance, y brille par son absence systématique. Il s’y fait généralement représenter par une assistante sociale scolaire sur qui repose le traitement de l’ensemble des dossiers de discriminations en milieu scolaire. Confrontée en séance plénière à l’évocation de ce cas, elle ne put que souligner que, n’étant pas fonctionnaire d’autorité, elle n’avait ni le pouvoir ni les moyens pour intervenir dans ce type de conflit entre agents. On touche ici aux limites du dispositif actuel de lutte contre les discriminations qui se caractérise par des positionnements de principe et le « marquage territorial » des services extérieurs de l’État, des administrations et des partenaires sociaux. Chacune de ces instances cherche à limiter l’intervention des autres en s’autoproclamant à la fois résolue à lutter contre les discriminations et expert pour intervenir en son propre sein, se positionnant à la fois comme juge et partie. On constate ainsi que chacun cherche surtout à éviter toute incursion extérieure qui pourrait dévoiler ses pratiques « ordinaires » (ou moins ordinaires) directement ou indirectement discriminatoires. Dispositifs hyper-institutionnels, les CODAC laissent pleinement s’exprimer la culture du secret qui est une des caractéristiques consub- stantielles des administrations bureaucratiques. C’est ce qu’a magistralement montré Howard S. Becker en analysant les relations d’autorité entre élèves, parents, institutrices et directeurs d’école dans le Chicago des années 1950. Il explique ainsi comment les enseignantes, pour préserver leur autorité professionnelle, ne se soumettent qu’au contrôle mutuel, le plus souvent implicite, des autres agents scolaires. Elles s’efforcent d’établir des relations avec les parents – et plus généralement avec les acteurs extrascolaires – « qui reposent essentiellement sur le secret ». L’objectif étant d’éviter que ceux-ci ne s’immiscent dans les affaires de l’école et n’en retirent une position permanente d’autorité. Et Becker d’élargir ses conclusions à l’ensemble des institutions : « Les relations réciproques entre les agents d’une institution sont des relations d’influence et de contrôle mutuels, et les étrangers sont systématiquement empêchés d’exercer quelque autorité que ce soit sur les activités de l’institution, parce que, si une telle autorité leur était accordée alors qu’ils ne sont pas insérés dans ce réseau de contrôle, ils seraient littéralement incontrôlables et détruiraient l’organisation institutionnelle telle que les agents désirent la voir préservée ». À l’heure où les directives européennes enjoignent à chacun des États membres de se doter de dispositifs indépendants de lutte contre les discriminations racistes, il semble nécessaire d’élargir la réflexion sur le racisme à l’école en redonnant une cohérence d’ensemble à l’analyse des différents aspects de ce phénomène. Nous avons présenté quelques situations qui montrent comment des processus de minorisation d’une partie des personnels étaient à l’oeuvre au sein de l’institution. Nous ne prétendons pas que ces quelques cas peuvent être généralisés ; faute de recueil systématique des témoignages des victimes ou des témoins et en l’absence de résultats de recherche en la matière, nous ne savons rien de leur ampleur. Il serait d’ailleurs urgent de combler cette lacune. Ce qui nous semble certain, en revanche, c’est qu’il n’y a pas de différence de nature entre les traitements inégalitaires que subissent certains agents et ceux qui s’appliquent aux élèves et à leurs familles. Aussi, il ne suffit pas de se focaliser sur les cas individuels les plus scandaleux ni de se défausser sur des grands processus sociétaux, comme les discriminations systémiques, tellement dilués qu’ils en seraient immuables. Pour comprendre les dynamiques d’ethnicisation et de racisation qui travaillent de plus en plus ouvertement les rapports scolaires, c’est bien le mode de fonctionnement global de l’institution qui doit être questionné en priorité.

Christian POIRET (*)
(*) Sociologue, maître de conférences à l’université Rennes II, unité de recherche Migrations et Sociétés (URMIS, CNRS-Paris VII-Paris VIII-Nice) et CERIEM (université de Haute-Bretagne). Email : poiret@paris7.jussieu.fr

(Article extrait par EfL dans "Ville-Ecole-Intégration Enjeux" n°135 de décembre 2003)


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