LA JUSTICE EST LA VÉRITÉ EN ACTION. (J.Joubert)

AMERE PATRIE ,LA FRANCE NON RECONNAISSANTE


Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur. (proverbe africain)

As long as lions have not their own historians,hunting tales will keep glorifying the hunter.(African proverb)



DE NOMBREUX COMBATS SONT A MENER DANS LA SOCIETE DANS LAQUELLE NOUS VIVONS;J'AI CHOISI LE MIEN :LA BATAILLE CONTRE L'INJUSTICE.
DANS CET ORDRE D'IDEE,UN DE MES CHEVAUX DE BATAILLE EST LA SITUATION DES ANCIENS COMBATTANTS AFRICAINS TRAHIS PAR LA FRANCE.

LA FRANCE SE DOIT UN DEVOIR DE MEMOIRE AFIN QUE JUSTICE SOIT RENDUE AUX CENTAINES DE MILLIERS D'AFRICAINS MORTS POUR UN PAYS QU'ILS CROYAIENT LEUR PATRIE.
AINSI C'EST PAR CENTAINES DE MILLIERS QUE DES SOLDATS D'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE ,D'AFRIQUE EQUATORIALE FRANCAISE ,D'AFRIQUE DU NORD FRANCAISE (MAROC,ALGERIE,TUNISIE),ONT ETE CONSCRITS DANS L'ARMEE FRANCAISE.
PLUS DE 2.5 MILLIONS SONT MORTS EN FRANCE DANS LA SOMME,A VERDUN....,A BIR HAKEIM EN LYBIE.


CE DEVOIR DE MEMOIRE SERA RETABLI QUAND LA FRANCE RECONNAITRA LA CITOYENNETE FRANCAISE IPSO FACTO AUX DERNIERS SURVIVANTS AINSI QU'AUX ENFANTS , PETITS ENFANTS ET ARRIERES PETITS ENFANTS DE CES HEROS AFRICAINS QUI ONT VERSE LEUR SANG POUR QUE LA FRANCE DEMEURE UN PAYS LIBRE.

COMBATTRE LA FALSIFICATION DE L'HISTOIRE TEL EST AUSSI L'AUTRE BUT DE MON BLOGUE.
LA VERITE SUR CES FAITS HEROIQUES DES VALEUREUX TIRAILLEURS AFRICAINS DEVRA AUSSI ETRE RELATEE DANS TOUS LES LIVRES D'HISTOIRE DE FRANCE ET DE NAVARRE.

CE BLOGUE EST DEDIE A LA MEMOIRE DE TOUS CES HEROS AFRICAINS DES DEUX PREMIERES GUERRES MONDIALES AUJOURDHUI DISPARUS ET AUX SURVIVANTS DES GUERRES ( 1939-45), D'INDOCHINE ET D'ALGERIE.

E. do REGO

LA DETTE DE SANG DE LA FRANCE

LA FRANCE ATTEND LA DISPARITION DES DERNIERS COMBATTANTS AFRICAINS POUR EFFACER DE NOS MÉMOIRES LEUR DON DE SOI POUR UNE NATION AUJOURD'HUI INGRATE.

NOUS SOMMES LÀ POUR DÉFENDRE CES CENTAINES DE MILLIERS DE TIRAILLEURS AFRICAINS ET QUOIQUE QU'IL ARRIVE,NOUS PERPÉTUERONS LEUR MEMOIRE POUR LES GÉNÉRATIONS A VENIR.

LA FRANCE DOIT PAYER SA DETTE DE SANG DUE AUX TIRAILLEURS AFRICAINS MORTS POUR ELLE .
LA MOINDRE CHOSE QUE CETTE FRANCE DITE DES DROITS DE L'HOMME SE DOIT DE FAIRE :

RECONNAITRE ET ACCORDER IPSO FACTO LA CITOYENNETÉ FRANÇAISE DE PLEIN DROIT AUX TIRAILLEURS AFRICAINS MORTS ,AUX SURVIVANTS ET AUX DESCENDANTS DE TOUS CES SOLDATS AFRICAINS QUI SE SONT LEVÉS COMME UN SEUL HOMME POUR SAUVER LA FRANCE DE LA BARBARIE EUROPÉENNE.

E. do REGO

Hommage au tirailleurs sénégalais Slam par Manu poéme de léopold Senghor

Hommage aux Tirailleurs Africains

ekodafrik.net- Hommage aux Tirailleurs Africains
Video sent by ekodafrik

Depuis un certain nombre d’années, à l’initiative de l'AMAF (Amis de l'Afrique Francophone), de l'ANEB (Association Nationale des Elus Des Banlieues) et de plusieurs autres associations, un hommage solennel est rendu aux Tirailleurs Africains morts pour la France. Ce 8 mai 2007, une cérémonie a eu lieu au Tata Sénégalais de Chasselay (69) en présence des autorités. Plusieurs gerbes ont été déposées en souvenir de ces vaillants combattants. Il est à rappeler que ces derniers combattaient encore pendant que les Allemands défilaient déjà en plein centre de Lyon puisque la ville avait été déclarée «ouverte» par le Maire Edouard HERRIOT. Tous ces combattants appartenaient à la 3ème compagnie du 25ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais. Ces vaillants soldats sont la FIERTE des Noirs de France au moment où certains ont tendance à croire qu’ils sont les seuls dépositaires de «l’identité nationale». Dans le reportage vidéo, vous pourrez voir les réactions du doyen BALDE (ancien combattant de Guinée), Sabiha AHMINE (Adjointe au Maire de Lyon), Hassan DIALLO (Conseiller du Président du Niger), Reski SEBAÏ (Lycée Al Kindi), Bacary GOUDIABY (Akody sur Radio Pluriel 91.5 fm Lyon), Azzedine GACI (président du conseil régional du culte musulman Rhône-Alpes) et le Père DELORME.

LES OUBLIÉS DE LA RÉPUBLIQUE




Le 16 juin 2009

046.1241854637

Photographies Philippe Guionie, Prix Roger Pic 2008 pour son portfolio Le tirailleur et les trois fleuves. Ouvrage : Anciens combattants africains, Éd. Les Imaginayres

Paris, 17 juin 2009
- A chaque commémoration nationale (11 novembre, 8 mai, 6 juin, 15 Août), le sort miséreux des anciens combattants arabes et africains, musulmans ou chrétiens de l’armée française, laissés à leur sort, refait surface, dans une sorte de réflexe pavlovien traité périodiquement par la presse comme la marque de soulagement de la bonne conscience française d’une mauvaise conscience chronique. «Les oubliés de la République» ne le sont pas vraiment. Ils sont volontairement maintenus en l’état, volontairement maintenus dans l’oubli de leur condition malgré l’émotion soulevée par le film «Indigènes» en 2006 dans la foulée des émeutes des banlieues françaises, malgré la surprise feinte de la classe politico médiatique face à cet aspect hideux de la bureaucratie française.
Au delà des indignations de circonstance, il traduit la permanence d’une posture proto fasciste inhérente à tout un pan de la société française.

La France qui se refuse aux statistiques ethniques comme contraires aux principes fondateurs de la République française (Egalité et Fraternité), est, en fait, un ferme partisan de cette pratique discriminatoire dans la rétribution de ses anciens combattants d’origine non française, et, même au-delà, dans la mobilité sociale des diverses composantes de la société française.

Pour mémoire, le bilan des pertes indigènes pour les deux grandes guerres mondiales du XX e siècle, s’est élevé, rien que pour les tués, à 113.000 morts, soit autant que la population conjuguée des villes de Vitrolles et d’Orange, les deux anciens fiefs du Front National. Il n’était pas alors question de «seuil de tolérance», encore moins de test ADN, ni de charters de la honte, mais de sang à verser à profusion, comme en témoigne le tableau suivant:

1-La contribution globale des colonies à l’effort de guerre français

La contribution globale de colonies à l’effort de guerre français pour la 1ère Guerre Mondiale (1914-1918) s’est élevée à 555.491 soldats, dont 78.116 ont été tués et 183.903 affectés à l’arrière à l’effort de guerre économique en vue de compenser l’enrôlement de soldats français sur le front (1). L’Algérie, à elle seule, a fourni 173.000 combattants musulmans, dont 23.000 ont été tués, et 76.000 travailleurs ont participé à l’effort de guerre, en remplacement des soldats français partis au front. La contribution totale des trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc) s’est élevée à 256.778 soldats, 26.543 tués et 129.368 travailleurs. L’Afrique noire (Afrique occidentale et Afrique équatoriale) a, pour sa part, offert 164.000 combattants dont 33.320 tués, l’Indochine 43.430combattants et 1.123 tués), L’Ile de la Réunion 14.423 combattants et 3.OOO tués, Guyanne-Antilles (23.OOO combattants, 2037 Tués).

Pour la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945): La première armée d’Afrique qui débarqua en Provence (sud de la France), le 15 août 1944, avait permis d'ouvrir un deuxième front en France après le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. Cette armée de 400.000 hommes, comptait 173 000 arabes et africains dans ses rangs. De juin 1940 à mai 1945, cinquante cinq (55 000) Algériens, Marocains, Tunisiens et combattants d'Afrique noire furent tués. 25 000 d'entre eux servaient dans les rangs de l'armée d'Afrique.
Durant la campagne d’Italie, marquée par la célèbre bataille de Monte Cassino, qui fit sauter le verrou vers Rome, et, à ce titre, célébrer comme la grande victoire française de la II me guerre mondiale, sur les 6.255 soldats français tués, 4.000, soit les deux étaient originaires du Maghreb et parmi les 23.5000 blessés, 15.600, soit le tiers étaient du Maghreb. Ahmad Ben Bella, un des futurs chef de file de la guerre d’indépendance algérienne et premier président de l’Algérie indépendante figurait parmi les blessés de la bataille de Monte Cassino. Il en est de même de la campagne d’Allemagne, sur les 9.237 tués, 3.620 étaient des enrôlés du Maghreb, et sur les 34.714 blessés, 16.531 étaient Maghrébins.

2- «Les oubliés de la République», la permanence d’une posture raciste.

Le maintien d’une pratique discriminatoire dans la rétribution des anciens combattants d’origine non française traduit le mépris de la France à l’égard de ses anciens servants, et pis, à l’égard de ses propres principes. Elle porte la marque d’un racisme institutionnel subliminal dans le droit fil des notations des travailleurs coloniaux de l’entre deux guerres (1919-1939). A l’instar d’une cotation boursière sur un marché de bétail, ceux-ci les étaient déjà à l’époque crédités de points, avec les responsabilités et rétributions y afférentes, en fonction de leur nationalité et de leur race avec de subtiles distinctions selon leur lieu de provenance. Ainsi le Chinois se situait au bas de la hiérarchie, sa production évaluée à 6 sur une échelle où le Marocain était placé à 8, l’Algérien (arabe), le Kabyle et le Grec à 10, l’Italien et l’ Espagnol à 12, alors que le Français se trouvait dans tous les classements naturellement au sommet de la hiérarchie avec une note inégalable de 20 sur 20. Score jamais enregistré par aucune autre nationalité, sous aucun autre ciel, dans aucune autre compétition (2).

La France a décidé de geler le montant des retraites des combattants étrangers en raison du poids financier que cette charge représentait pour le budget français, habillant cette mesure économique de considérations morales: geler le niveau de la retraite à la date de l’indépendance de leur pays respectif pour marquer la scission d’avec la métropole. Ce geste symbolique de rupture occulte le fait que les anciens combattants avaient servi leur colonisateur et non leur pays d’origine.

Argument fallacieux s’il en est, il ne résiste pas à l’analyse pas plus que l’argument de rechange qui relevait, lui aussi, de la pure casuistique: Le gel de pensions à leur niveau de l‘accession à l’indépendance du pays concerné évitait que les retraités indigènes ne disposent de revenus plus importants que leurs compatriotes non combattants de leur pays d’origine, afin de prévenir toute déstabilisation de leur environnement local. Une sorte de nivellement par le bas enrobé du pompeux mot de «cristallisation», par analogie au phénomène chimique.

Les circonvolutions juridiques ne changeront rien à la réalité des choses, et, au-delà des considérations économiques, la décision française induit implicitement un jugement moral sur la valeur respective du sang français et du sang indigène sur la bourse des valeurs entre des frères d’armes qui encourrait pourtant à l’époque le même péril dans un même combat. Comment justifier, sinon, cette discrimination dans le traitement d’un ancien combattant français qui perçoit 600 euro par mois d’indemnités, d’un sénégalais 100 euro par mois ou, pis, d’un marocain qui a droit à 60 euro par mois, soit dix fois moins que le français, sous réserve d’une obligation de résidence de neuf mois par France par an.

N’en déplaise à personne, la disparité des retraites constitue sans contestation possible une forme insidieuse de la diversité à la française ancrée durablement dans la conscience nationale et que le président Nicolas Sarkozy se propose de réactualiser comme antidote au principe fondateur de la République française, le principe d’égalité. La pension de retraite des anciens combattants indigènes apparaît ainsi comme un salaire ethnique, inique et cynique. Une discrimination injustifiable tant au niveau du droit que de la morale, en ce qu’elle aboutit à pénaliser des étrangers pour leur suppléance de la défaillance des Français dans la défense de leur propre territoire national. Une double peine en somme en guise de gratitude.

Son maintien, en dépit des critiques, signe la permanence de la filiation gobino-darwiniste du corpus juridique français matérialisée par la codification du Code Noir de l’esclavage (pour le continent noir) et le Code de l’Indigénat (pour les musulmans d’Algérie), au XVIIIe et XIXe siècle.
Une filiation confirmée au XXe siècle par la mise en œuvre d’une théorie raciale des valeurs avec la notation des travailleurs coloniaux selon un critère ethnique, la mise sur pied des »zoos humains» de même que d’un «bureau des affaires nord africaines» dans l’entre deux guerre (1919-1939), précurseur du «Commissariat aux affaires juives» et de l’imposition de «l’étoile jaune» sous le régime de Vichy (1940-1944). Une filiation réitérée, enfin, au XXIe siècle, par la discrimination salariale des anciens combattants basanés et le test ADN pour le regroupement familial des travailleurs expatriés de l’ère sarkozy.

Cette approche raciale est en contradiction avec la contribution des peuples basanés à la liberté de la France et à sa reconstruction, en contradiction aussi avec les principes universalistes que la «Patrie des Droits de l’Homme» ambitionne de véhiculer à travers le monde, une théorie qui dessert enfin la France et son obère son discours humaniste.

3- Du rôle positif des colonisés par rapport à leur colonisateur

La France, pour douloureux que soit ce constat pour notre amour propre national, a été le seul grand pays européen à l’articulation majeure des deux grands fléaux de l’Occident de l’époque contemporaine, «les penchants criminels de l’Europe démocratique» (4), la traite négrière et l’extermination des Juifs, contrairement à la Grande Bretagne qui a pratiqué la traite négrière exclusivement, sans aucunement participé à l’extermination des Juifs, contrairement même à l’Allemagne qui a conçu et réalisé, elle, la solution finale de la question juive, mais sans participation significative à la traité négrière.

Elle se distingue aussi des autres grands pays occidentaux non seulement dans le traitement réservé à ses anciens combattants indigènes, mais aussi dans sa dette morale à leur égard. Jamais pays au monde n’a été autant que la France redevable de sa liberté aux colonies, jamais pays au monde n’a pourtant autant que la France réprimé ses libérateurs souvent de manière compulsive.

Là réside le paradoxe de la France: Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, dans une « querelle de blancs », avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière suffisamment répétitive pour ne pas être un hasard, à Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à Madagascar, en 1947, enfin, au Cameroun, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.

En Grande Bretagne, contrairement à la France, la contribution ultramarine à l’effort de guerre anglais a été de nature paritaire, le groupe des pays anglo-saxons relevant de la population Wasp (White Anglo Saxon Protestant), -Canada, Australie, Nouvelle Zélande-, a fourni des effectifs sensiblement égaux aux peuples basanés de l’empire britannique (indiens, pakistanais etc.). Il s’en est suivi la proclamation de l’Indépendance de l’Inde et du Pakistan en 1948, au sortir de la guerre, contrairement, là aussi, à la France qui s’engagera dans dix ans de ruineuses guerres coloniales (Indochine, Algérie).

Autre paradoxe, leur stigmatisation par le terme «Bougnoule» (5), terme pourtant qui tire ainsi son origine de l’expression argotique de cette supplique ante mortem. Par un dévoiement de la pensée sans doute unique au monde, la revendication ultime préludant au sacrifice suprême -«Aboul Gnoul, apporte l’alcool»- le breuvage galvaniseur de l’assaut des lignes ennemies, finira par constituer la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.

Dans les ouvrages français, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique: «Le bougnoule, nom masculin apparu en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XX me siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux Nord-Africains. Synonyme de bicot et de raton». Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les «mélanodermes», arabo-berbères et négro-africains, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par «ratonnade» une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.

Bougnoule finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, qui étaient en fait les défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera parfois d’une façon hideuse, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral.......

Un pays qui ignore son histoire a tendance à la répétition et les opérations de récupération paraissent inopérantes pour la pédagogie nationale. Il en va du salaire ethnique des anciens combattants «basanés» comme de l’exaltation du martyr du jeune résistant communiste Guy Môquet (6) qui demeurera, lui aussi sans portée thérapeutique aussi longtemps que ne seront dénoncés, ses bourreaux, ceux qui ont inscrit son nom sur la liste des suspects comme ceux qui l‘ont livré aux Allemands, c'est-à-dire la police française et le ministre de l’intérieur de l’époque, le lointain prédécesseur de Nicolas Sarkozy auteur de cette mystification mémorielle. ...

De la même manière que les marronniers sur les oubliés de la République continueront de relever d’un pur exercice de style aussi longtemps que le silence sera maintenue sur la rémunération ethnique comme la face hideuse du racisme institutionnel français.

Références

1- Cf.: «L’Empire dans la guerre» publication du service historique de l’armée, dont le document mentionne le critère religieux des soldats originaires d’Afrique. Ce document est publié en annexe du livre «Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français», René Naba/ Harmattan 2002

2- «Une théorie raciale des valeurs? Démobilisation des travailleurs immigrés et mobilisation des stéréotypes en France à la fin de la grande guerre» par Mary Lewis, enseignante à la New York University, in «L’invention des populations», ouvrage collectif sous la direction d’Hervé Le Bras (Editions Odile Jacob).

3- «La France dans toutes ses déclinaisons, A propos du rôle positif de la colonisation: Déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française» Cf. :«De notre envoyé spécial, un correspondant sur le théâtre du monde» René Naba Harmattan Mai 2009

4- «Les penchants criminels de l’Europe démocratique»- Jean Claude Milner - Editions Verdier 2003

5- A propos du terme Bougnoule, ses origines, sa définition et sa portée symbolique: http://latelevisionpaysanne.fr/video.php?lirevideo=109#109

Et dans sa version mixée en reggae : http://www.jamendo.com/us/album/972/

6- «Cf.: «Comment Nicolas Sarkozy écrit l’Histoire de France» de l’affaire Dreyfus à Jean Jaurès à Guy Môquet, au plateau de Glières. Par Laurence de Cock, Fanny Madeleine, Nicolas Offenstadt et Sophie Wahnic- Editions Agone 2008.



René Naba : Ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information, est l’auteur notamment des ouvrages suivants : —« Liban: chroniques d’un pays en sursis » (Éditions du Cygne); « Aux origines de la tragédie arabe"- Editions Bachari 2006.; "Du bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français"- Harmattan 2002. « Rafic Hariri, un homme d’affaires, premier ministre » (Harmattan 2000); « Guerre des ondes, guerre de religion, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen » (Harmattan 1998).






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AMERE PATRIE

Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur. (proverbe africain)



DE NOMBREUX COMBATS SONT A MENER DANS LA SOCIETE DANS LAQUELLE NOUS VIVONS;J'AI CHOISI LE MIEN :LA BATAILLE CONTRE L'INJUSTICE.
DANS CET ORDRE D'IDEE,UN DE MES CHEVAUX DE BATAILLE EST LA SITUATION DES ANCIENS COMBATTANTS AFRICAINS TRAHIS PAR LA FRANCE.

LA FRANCE SE DOIT UN DEVOIR DE MEMOIRE AFIN QUE JUSTICE SOIT RENDUE AUX MILLIONS D'AFRICAINS MORTS POUR UN PAYS QU'ILS CROYAIENT LEUR PATRIE.
AINSI PLUS DE 5 .5MILLIONS D'AFRICAINS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE ,DE L'AFRIQUE EQUATORIALE FRANCAISE ,L'AFRIQUE DU NORD FRANCAISE (MAROC,ALGERIE,TUNISIE),ONT ETE CONSCRITS DANS L'ARMEE FRANCAISE.
PLUS DE 2.5 MILLIONS SONT MORTS EN FRANCE DANS LA SOMME,A VERDUN....,A BIR HAKEIM EN LYBIE.


CE DEVOIR DE MEMOIRE SERA RETABLI QUAND LA FRANCE RECONNAITRA LA CITOYENNETE FRANCAISE IPSO FACTO AUX DERNIERS SURVIVANTS AINSI QU'AUX ENFANTS , PETITS ENFANTS ET ARRIERES PETITS ENFANTS DE CES HEROS AFRICAINS QUI ONT VERSE LEUR SANG POUR QUE LA FRANCE DEMEURE UN PAYS LIBRE.

COMBATTRE LA FALSIFICATION DE L'HISTOIRE TEL EST AUSSI L'AUTRE BUT DE MON BLOGUE.
LA VERITE SUR CES FAITS HEROIQUES DES VALEUREUX TIRAILLEURS AFRICAINS DEVRA AUSSI ETRE RELATEE DANS TOUS LES LIVRES D'HISTOIRE DE FRANCE ET DE NAVARRE.

CE BLOGUE EST DEDIE A LA MEMOIRE DE TOUS CES HEROS AFRICAINS DES DEUX PREMIERES GUERRES MONDIALES AUJOURDHUI DISPARUS ET AUX SURVIVANTS DES GUERRES ( 1939-45), D'INDOCHINE ET D'ALGERIE.

E. do REGO

LA FRANCE ET SES NOIRS DEPUIS L'ESCLAVAGE

Le 10 mai 2006, la France commémore pour la première fois de
son histoire, l'abolition de l'esclavage.

Ce documentaire, tourné en
France métropolitaine, aux Antilles et au Sénégal, soulève la "question
noire" qui se pose aujourd'hui.

Voir la video en cliquant sur le lien ci-dessous:

http://video.kemmiou.com/index.php?welches=view&ref=catSearch&addRef=1&wID=383&PHPSESSID=088e40ad402eea846ece816aebc6b853

NOIRS - L'IDENTITE AU COEUR DE LA QUESTION NOIRE EN FRANCE

NOIRS - L'IDENTITE AU COEUR DE LA QUESTION NOIRE

Durée : env. 50mn

Le 10 mai 2006, la France commémore pour la première fois de son histoire, l'abolition de l'esclavage. Ce documentaire, tourné en France métropolitaine, aux Antilles et au Sénégal, soulève la "question noire" qui se pose aujourd'hui. Il s'agit d'un sujet brûlant et parfois confus découlant souvent d'une méconnaissance de l'histoire de l'esclavage et de la décolonisation entretenue dans le pays. Quels sont les effets de la traite négrière et de la colonisation dans la représentation des Noirs au sein de la société française actuelle ? Existe-t-il une histoire commune à tous les Noirs ? En quoi le travail de mémoire est-il indispensable ? Quel lien peut-il exister entre un Antillais et un descendant de tirailleur sénégalais qui se retrouvent autour de revendications semblables ? Quelle est la condition noire et où en est l'intégration de cette minorité ethnique en France ? S'appuyant sur de nombreux témoignages parmi lesquels ceux de Christiane Taubira, Disiz La Peste ou Aimé Césaire, ce film tente de répondre à ces questions. Mené sous la forme d'une enquête et ponctué d'images d'archives, il retrace aussi les différentes périodes historiques qui ont lié la France à la communauté noire.

1ère partie: http://www.dailymotion.com/visited/wanzea/video/xuc1p_noirs-1ere-partie

http://wanzea.free.fr/

Tuesday, November 13, 2007

ARMEES : Marche des militaires et gendarmes retraités

ARMEES : Marche des militaires et gendarmes retraités, mercredi

Dakar, 12 nov (APS) - Le Collectif des retraités militaires et gendarmes ‘'non harmonisés'' organise une conférence de presse suivie d'une marche pacifique, mercredi à partir de 9 heures 30 à l'Office national des anciens combattants (avenue Lamine Guèye), annonce un communiqué reçu à l'APS.

L'objectif de cette manifestation est de ‘'dénoncer les disparités et inégalités sur les pensions des retraités d'un même corps de métier et d'une même armée'', précise la même source.

La marche pacifique empruntera l'itinéraire qui va de l'Office national des anciens combattants au Palais de la République, en passant par l'avenue Lamine Guèye, l'Assemblée nationale, le camp Dial Diop, l'avenue des Diambars et la rue Pasteur.

AD

http://www.seneweb.com/news/elections2007/article.php?artid=13171

Wednesday, October 17, 2007

GALERIE DE PHOTOS D'EPOQUE

ILS VENAIENT DE LOIN
POUR LIBERER LA FRANCE MEURTRIE PAR LA GUERRE
LES TIRAILLEURS GOUMS MOBILISES
ILS CROYAIENT DEFENDRE LEUR PAYS
PRETS A DONNER LEUR SANG POUR LA MERE "PATRIE"
ILS CROYAIENT SE BATTRE POUR LA REPUBLIQUE
DROLE DE RECONNAISSANCE
TIRAILLEURS ET SPHAFIS SENEGALAISTIRAILLEURS MAROCAINS
EMBARQUEMENT POUR SAUVER LA "PATRIE"
UN GROUPE DE TIRAILLEURS AFRICAINS

Les Africains Encaissent mais n'Oublient pas

Les Africains Encaissent mais n'Oublient pas

By Joseph Hirsch, Courrier International

May 19, 2004

Longtemps oubliés, les Africains anciens combattants français vont enfin bénéficier d'une revalorisation de leurs pensions qui étaient gelées depuis 1961 et la "cristallisation" décidée par la France en pleine période de décolonisation. Mais cet acte de l'Etat français ne fait pas oublier les années de silence et de mépris qui l'ont précédé...

Plus de quarante ans après qu'elles furent gelées, en 1961, (la "cristallisation"), les pensions que touchent les anciens combattants africains pour la France sont enfin revalorisées d'environ 20 %. Si cette "décristallisation" touche l'ensemble du continent (Maghreb et Afrique subsaharienne) à avoir envoyé des soldats défendre la France, à Ouagadougou on se sent parmi les premiers concernés par la nouvelle mesure. En effet, "en dehors du Maghreb, c'est le Burkina Faso qui dispose le plus de bénéficiaires", rappelle Sidwaya, qui cite le chiffre de 7 078 pensionnés.

Décryptant les différents paragraphes du nouveau dispositif français, le quotidien met en lumière les nouveaux droits qu'il instaure. Ainsi, les droits de reversion, pour les veuves des pensionnés civils et militaires, ou la réforme de la pension militaire d'invalidité, qui "pourra désormais être révisée en cas d'aggravation des infirmités". Nombreux sont ceux à voir en cette mesure un acte symbolique. Les anciens combattants, très âgés - "les plus jeunes ont 70 ans", indique Sidwaya - ont en effet plus besoin de la reconnaissance de leur cause que de l'augmentation financière en elle-même, et, à ce titre, avec la revalorisation apparaît "le sentiment qu'une injustice est en train d'être réparée", dit Le Pays. C'est donc, de ce point de vue, une victoire, et la presse burkinabé est unanime dans l'hommage rendu au combat d'Amadou Diop, ce Sénégalais qui a défendu les droits des anciens combattants jusque devant le Conseil d'Etat en France, et que beaucoup considèrent comme l'élément déclencheur de la revalorisation.

L'Observateur Paalga, de son côté, préfère saluer une mobilisation collective, rappelant que la victoire d'Amadou Diop "a été le fruit de luttes âpres et obstinées de plusieurs acteurs : les associations des anciens combattants disséminées à travers les différents pays comme le puissant lobby d'anciens combattants français qui ne pouvaient accepter la disparité criarde entre leur pension et celle de leurs frères d'arme". Citant l'ambassadeur de France au Burkina, Sidwaya voit dans la décristallisation une façon pour la France de "témoigner, même tardivement, son respect et sa reconnaissance à des hommes qui ont aidé à défendre son intégrité", et de tourner ainsi "une page très importante" de son histoire.

Mais si la réforme constitue une avancée, les "anciens combattants n'ont pas pour autant le sourire aux lèvres" rappelle Le Journal du jeudi. "Ils continuent toujours de ressentir l'humiliation et l'injustice dont ils ont été l'objet depuis les indépendances politiques des Etats africains." Sanfinna s'insurge également contre ce qu'il appelle "une injustice d'Etat". Rappelant qu'au cours des deux guerres mondiales "300 000 Africains ont perdu la vie dans les combats ou ont été portés disparus", l'hebdomadaire stigmatise une France "oublieuse des sacrifices consentis" par les soldats Africains qui, après avoir "été traités comme des combattants de seconde zone" en période de guerre, ont étés "méprisés et sujets à un traitement discriminatoire en ce qui concerne leurs pensions".

Nombreux sont aussi les journaux à citer les témoignages d'anciens combattants, desquels ressort une profonde amertume. Un sentiment partagé par l'opinion entière, qui a ressenti dans son ensemble le traitement infligé aux retraités de guerre comme une humiliation. Dans son éditorial, Le Pays dénonce le traitement discriminatoire des anciens combattants comme une injustice profonde : "Sur les champs de bataille, les balles n'étaient pas discriminatoires". Le quotidien est indigné de l'attitude de la France, qui "refuse d'assumer pleinement son passé". Un passé que Sanfinna aimerait voir reconnu, et avec lui la mémoire de ces "tirailleurs" qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, furent massacrés dans le camp de Thiaroye, au Sénégal, parce qu'ils réclamaient les "mêmes droits que leurs frères d'armes français".


Toulon salue ses libérateurs africains

LDH Toulon

Toulon salue ses libérateurs africains


par Catherine Bedarida

[ Le Monde - 8 janvier 2004 ]

Le Musée d'art de Toulon revient sur la Libération de la ville, en 1944, et évoque, à travers des films, des témoignages et des photos, l'importance des troupes coloniales.

En 1944, Toulon a été la première bataille, sur la côte sud, que l'armée française ait livrée, avec les troupes alliées, pour libérer la France. Commandée par le général de Lattre de Tassigny, cette armée réunissait ceux qu'on appelait alors les indigènes, venus de l'empire colonial, ainsi que des Français des colonies et des évadés de la France occupée. Près d'un soldat sur deux était un Africain : les tirailleurs maghrébins et noirs constituaient alors le gros de l'infanterie.

C'est pour évoquer cette histoire souvent méconnue que les historiens et le conservateur en chef des musées toulonnais, François-Xavier Amprimoz, ont organisé, au Musée d'art de Toulon, une exposition intitulée "Nos libérateurs, Toulon août 1944". "On oublie souvent, lorsque l'on parle d'immigration, que les pères de bien des immigrés d'aujourd'hui furent un jour accueillis en libérateurs", observe l'historien qui a dirigé l'exposition, Grégoire Georges-Picot, auteur de l'ouvrage L'Innocence et la ruse, des étrangers dans la Résistance en Provence 1940-1944 (éd. Tirésias).

S'appuyant sur des photos, des films, des témoignages et des documents inédits, l'exposition a le mérite d'apporter un regard équilibré sur cette période, faisant place à l'ensemble des composantes qui ont permis la libération de la ville : hommes et femmes de la Résistance, troupes américaines, militaires français, qu'ils soient de métropole, pieds-noirs ou coloniaux. Une grande partie de ces documents porte sur la composante la moins souvent étudiée, celle des troupes coloniales.

A l'entrée de l'exposition, un numéro de mars 1944 du mensuel An-Nasr, édité en arabe par la France libre en direction des soldats maghrébins de l'armée française, reproduit une photo du général de Gaulle et la traduction en arabe de sa phrase célèbre : "La France a perdu une bataille mais la France n'a pas perdu la guerre."

En août 1944, quand la première armée française vient libérer les Toulonnais, le sous-officier marocain Mohamed Salah observe : "Ils étaient étonnés de voir des gens bronzés (...) et ils se demandaient qui nous étions ! Alors ils hésitaient à sortir des caves, à sortir des abris, des endroits où ils se cachaient. Mais on leur disait : "Vous êtes libres. On est venus vous libérer, nous, les Marocains." D'autres disaient : "Nous, les Algériens, ou les Tunisiens, ou les Sénégalais." Alors, on voyait dans leurs yeux briller la confiance, ce mot de liberté..."

Une photo sortie d'un album de famille montre un soldat noir tenant affectueusement par les épaules deux gamins français. Un membre de la famille avait alors noté : "Derrière la maison, une compagnie de Noirs s'installe sous les pins. Ces Noirs sont parfaitement disciplinés, discrets, n'envahissent pas toute la propriété. Les deux enfants se sont infiltrés au milieu d'eux et ont été gâtés et caressés, on les a bourrés de boîtes de bonbons."

Dans un film de témoignages d'anciens combattants, réalisé en 2002, Samuel Ekwé, un soldat camerounais du premier régiment de fusiliers marins, se souvient de l'accueil des populations libérées : "Les gens étaient pauvres. Ils n'avaient même pas les chaussures, les babouches, rien que les sabots qui faisaient cling-clang sur les pavés. Ils ont été accueillants envers nous. Ils ont été contents. Et nous, on était les sauveurs. Les sauveurs !" D'autres racontent leur enrôlement forcé. "On m'a battu pour aller là-bas", note Mahi Gogoua, ivoirien.

Selon l'historien Grégoire Georges-Picot, la situation au sein des trois grandes composantes des bataillons coloniaux n'était pas la même : "Environ 99 % des Marocains ont été des engagés volontaires. Parmi les Algériens, les volontaires représentent environ les deux tiers des effectifs ; les autres ont été appelés. En revanche, les quatre cinquièmes des Africains ont été incorporés de force." En hommage aux soldats noirs de l'armée française, Léopold Sédar Senghor, prisonnier en Allemagne de 1940 à 1942, a d'ailleurs écrit un recueil de poèmes, Hosties noires (éd. Le Seuil), où il salue, "tous réunis", "le Cafre le Kabyle/ le Somali le Maure/ (...) le mineur des Asturies/ le Juif chassé d'Allemagne/ et tous les gars de Saint-Denis".

Ces documents sont accompagnés de panneaux pédagogiques sur la Résistance, les opérations militaires, la progression des troupes alliées. A côté du drapeau du régiment de tirailleurs sénégalais commandé par le colonel Raoul Salan, un texte rappelle que ce corps d'armée a subi de très lourdes pertes humaines : la bataille de Provence a été, avec celle d'Alsace, l'une des plus meurtrières de la Libération. "La grande majorité des tués et des blessés ont été des indigènes, entre la moitié et les deux tiers selon les unités où le décompte peut être fait, explique Grégoire Georges-Picot. Ils formaient le gros de l'infanterie, prise dans des combats de rue sanglants." L'exposition, qui s'accompagne d'un important volet destiné aux élèves et aux enseignants, tournera, au printemps 2004, dans des établissements scolaires du Var et de la région.

Près de soixante ans après la Libération, les conflits de mémoire restent vifs à Toulon. Pendant la guerre, la ville a été particulièrement éprouvée par l'occupation allemande et les bombardements alliés. Dans les années 1960, elle a accueilli une nombreuse population pied-noire, franchement hostile au général de Gaulle : le héros de la Résistance était aussi l'homme des accords d'Evian de 1962 qui reconnaissaient l'indépendance de l'Algérie, un crime impardonnable aux yeux de bien des rapatriés. Plus récemment, la ville a été profondément déchirée par les thématiques xénophobes qui ont permis au Front national de diriger la mairie de 1995 à 2001.

A Toulon, le passé reste présent, comme en témoigne la controverse sur l'un des gestes symboliques accomplis par la mairie FN : donner à un carrefour de Toulon le nom du "général Raoul Salan, libérateur de Toulon en 1944". Considéré comme un héros par les associations pied-noires les plus radicales, le colonel Salan a commandé le 6e régiment de tirailleurs sénégalais, qui avait pris une part importante dans la libération de Toulon. Devenu général, Salan a ensuite été l'un des dirigeants de l'Organisation armée secrète (OAS), qui avait tenté de s'opposer par la violence et les attentats à l'indépendance de l'Algérie.

Rappelant que le militaire n'était pas général en 1944, la Ligue des droits de l'homme de Toulon demande que l'inscription "général" soit, au minimum, remplacée par celle de "colonel". A ce jour, la mairie (UMP) n'a pas donné suite.


"Nos libérateurs, Toulon août 1944", Musée d'art, 113, bd Leclerc, Toulon (Var). Tél. : 04-94-36-81-00. Jusqu'au 14 février. Entrée libre.

Pour en savoir plus sur le carrefour Salan .

DEVOIR DE MEMOIRE:18 août 1944

" Puissent les générations qui prendront la relève pour la survie de la France, ne jamais oublier ce qu'elles doivent
"aux Africains qui venaient de loin !"
"
Journal de marche du 22ème bataillon de marche nord-africain

18 août 1944,
plage de Cavalaire,
une section du 18ème Régiment de tirailleurs sénégalais.

Prov: NARA

La bataille de Toulon fut la première que l'armée française, à peine débarquée sur les plages de Provence, livra pour la libération de notre pays. Toulon, creuset des troupes coloniales, fut justement délivrée par des soldats d'outremer soutenus par les résistants et les forces alliées.

Sous le drapeau français, s'étaient rassemblés des hommes mais aussi des femmes venus de cinq continents. Ceux que l'on appelait alors des indigènes combattaient côte à côte avec des Français des colonies et des évadés de la France occupée. Près d'un soldat sur deux était un Africain : les tirailleurs maghrébins et noirs constituaient le gros de l'infanterie.

" C'étaient des gens de toutes les couleurs, de toutes religions, de toutes opinions politiques, qui venaient pour libérer la France " se souvient l'ancien ministre Robert-André Vivien qui était l'un d'eux.

À l'initiative de l'Amicale du groupe Marat, une association fondée par des anciens de la Résistance, l'historien Grégoire Georges-Picot a conçu une exposition où les acteurs de la libération, résistants de Provence, soldats des armées française, américaine, britannique, sont les narrateurs de cette histoire, notre histoire.

L'exposition est composée de 110 photographies, 23 dessins, d'une quarantaine de documents de l'époque et de témoignages filmés recueillis auprès d'anciens combattants en France, dans plusieurs pays d'Afrique et en Nouvelle-Calédonie. Elle est le fruit d'un long travail entrepris également en Allemagne, aux Etats-Unis et en Angleterre.

Témoignage de reconnaissance, l'exposition relève en même temps d'une démarche de connaissance. On oublie souvent, lorsque l'on parle d'immigration, que les pères de bien des immigrés d'aujourd'hui furent un jour accueillis en libérateurs.
Cette histoire est une source de réflexion. Car ses acteurs nous parlent aussi de leurs liens avec la France. Peut-être le visiteur se reconnaîtra-t-il dans l'image qu'ils nous en donnent.

19 août 1944.
Des goumiers marocains
sur une route du Var.

Prov: NARA

Cette exposition a été réalisée avec le concours financier de

Ministère de la Défense
Fonds d'action et de soutien pour l'intégration et la lutte contre les discriminations
Ville de Toulon
Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur

Deux soldats de l'Armée B
commandée par le général de Lattre.

Prov: ECPAD

Témoignages

  • 15 août 1944

" Le décollage eut lieu vers minuit et demi... Je n'oublierai jamais cette nuit où, avant notre départ, l'unité française entraînée avec nous forma une haie d'honneur et se mit à chanter la Marseillaise à notre passage pour l'embarquement. Certains pleuraient: ils venaient d'apprendre qu'ils ne participeraient pas à l'opération. "

Michael Compton - Pathfinder (éclaireur) de la 2nd Independant Parachute Brigade Group britannique

  • 19 août 1944

" Auparavant pour rien au monde je n'aurais adressé la parole à un Allemand civil ou militaire : cela m'aurait paru une espèce de trahison. Ce sentiment disparut complètement à partir du moment où nous nous trouvâmes, en somme, sur le champ de bataille. Ils pouvaient me tuer, je pouvais, et je ne m'en privais pas, indiquer leur position à qui saurait tirer parti du renseignement. Nous étions à égalité, prêts à faire bon marché chacun de la vie de l'autre. Je m'aperçus que des combattants peuvent se parler et se sourire.
Ainsi quand j'allais " au lait ", j'attendais paisiblement, mon pot à la main, à côté de l'homme de corvée des fusiliers marins, son pot à la main lui aussi. J'étais pieds et tête nus, lui botté et sanglé et le chef couvert d'un casque voilé d'une moustiquaire verte. Quand la distribution commençait, il me cédait son tour avec un sourire et je le remerciais d'une inclination de la tête. "

Suzanne Bidault - Résistante au sein du NAP (Noyautage des Administrations Publiques), Suzanne Bidault fut obligée de fuir de Vichy en mai 1944 pour échapper à l'arrestation. Elle se cacha dans les environs de Hyères jusqu'à la libération.

  • 23 août 1944

" Cogolin, Grimaud, les Collobrières, Pierrefeu, Cuers, Solliès- Pont, Montrieux, Signes !… Un chemin qu'ils n'oublieront pas de sitôt. Par endroits un monde fou, fou, fou pour les acclamer au passage…
A travers les pinèdes en feu, on arrive à Ollioules que les Allemands viennent de quitter.
L'accueil de la population est délirant… A la section, il y a un camarade du pays, on est allé chercher ses parents, près de quatre ans qu'il ne les a vus… son émotion fait plaisir à voir. Leur ferme est à quatre kilomètres. Lorsqu'ils arrivent et que leur fils se jette dans leurs bras, tout à coup, c'est le silence, on regarde pieusement. "

Robert Dibon - soldat au 4ème régiment de tirailleurs sénégalais

  • 23 août 1944

Au bout de l'avenue des routes, dans la banlieue de Toulon, une ambulance arrive.
" La conductrice est une toute jeune fille, Diane de Gasquet. Elle est accompagnée d'un jeune boy scout : s'il a quatorze ans, c'est le bout du monde. Une autre ambulancière, Nicole de Marbot, très jeune elle aussi, a déjà disposé ses brancards. En progressant vers le Pont de Bois, l'aspirant Saskevitch vient d'être tué net. Le lieutenant Durrmeyer enrage :
- " Il faut absolument récupérer le corps. "
Diane l'a entendu. Sans mot dire, elle se place en plein milieu du chemin qui longe la rivière et s'avance lentement, levant bien haut un drapeau de la Croix Rouge. La mitrailleuse allemande lâche une courte rafale dix mètres devant elle : les balles ricochent…
Il arrive alors quelque chose d'extraordinaire : là-bas Diane s'est arrêtée. Lentement, elle tombe à genoux, son drapeau toujours levé et reste là. Bon sang ! Qu'est-ce qu'elle attend ? Un miracle ? Eh bien les miracles, il faut croire que ça n'arrive pas qu'à Lourdes car le tir cesse. La jeune fille se relève, agite encore son emblème et continue d'avancer. Un étonnant silence règne ; chacun retient son souffle…
Diane se retourne et fait un signe. Nicole sa compagne a déjà compris : l'ambulance démarre et se présente sur le chemin. Aidées par le boy scout, les deux silhouettes bleues placent le corps de l'aspirant sur une civière et le hissent sur le véhicule qui repart lentement en marche arrière. A peine la voiture est-elle à l'abri des maisons que les Allemands ouvrent un feu d'enfer. L'entracte est terminé. "

Armand Wassiliev - officier au 3ème régiment de spahis algériens

  • 25 août 1944

" Toulon était encore dans un état de stupeur quand nous sommes arrivés... Le matin de notre entrée dans la ville, il n'y avait pratiquement personne dans les rues à l'exception de soldats épuisés. Quelques heures plus tard, les gens ont commencé à sortir de chez eux malgré, de temps à autre, des tirs et des explosions dans différents quartiers, toute la journée... "

Gene Badger - photographe de guerre américain

" Les gens étaient pauvres. Ils n'avaient même pas les chaussures, les babouches, rien que les sabots qui faisaient cling clang cling clang sur les pavés. Les hommes ou les femmes, ils n'avaient pas de chaussures. Ils étaient pauvres et malheureux. Un souvenir... ils ont été accueillants envers nous. Ils ont été contents. Et nous, on était les sauveurs. Les sauveurs ! "

Samuel Ekwé - soldat au 1er régiment de fusiliers marins

Yambou de Tingo.
Dessin de Roger Jouanneau-Irriera.

Prov: SHAT

Bim Chanler était un officier américain détaché auprès de la 1ère division française libre. Son ordonnance, originaire de Haute-Volta, se prénommait Yombie:
" Pour Yombie, j'étais un autre étranger enrôlé de force par les Français. Peu nous importait de savoir si les Allemands allaient gagner ou pas ; nous, nous habitions si loin...
A première vue, l'aspect de Yombie était un peu effrayant. Ses dents de devant étaient taillées en pointe et les cicatrices tribales sur ses joues étaient élaborées. Un jour, il me dit que son village était à trois jours de marche de Koudougou. "Où est-ce?" demandai-je. "Juste à une semaine de marche de Ouagadougou." "Jamais entendu parlé de Ouagadougou". Cette remarque provoqua chez lui un éclat de rire: "Jamais entendu parlé de Ouagadougou? Mais tu es un ignorant! Nous avons un roi et une reine là-bas."
Je lui demandais quel âge il avait. "Quarante" me répondit-il en me tendant son carnet militaire, bien qu'il ne sache ni lire ni écrire. "Non, non, ça, c'est la date à laquelle tu as été appelé sous les drapeaux. Ce que je veux dire, c'est combien d'années se sont passées entre le moment où tu étais un bébé et maintenant?" Nouvel éclat de rire. "Comment je peux savoir? Peut-être ma mère le sait-elle. C'est la question la plus stupide que j'ai jamais entendue. Que je le sache ou non, qu'est-ce que ça change?." Je n'avais rien à répondre. "

" Cette Afrique du Nord, que de sang elle a versé pour la France ! Il faut aller voir les pierres tombales : les goumiers, les tirailleurs, des soldats de toutes sortes, toute l'Afrique du Nord, que ce soient Tunisiens, Algériens ou Marocains sans oublier tous les pieds noirs parce que, les pieds noirs, il y en a beaucoup qui sont tombés. Oui, l'Afrique du Nord a porté haut le drapeau français et de cela je suis fier. "

Alain Mimoun, sous-officier du génie de la 1ère Armée française
Avant de devenir le coureur français le plus titré aux Jeux Olympiques, Alain Mimoun, né en Algérie, fut un de ces soldats qui contribua à la libération de la France en 1944

" C'est le devoir de tous les Français de penser que nous aussi on est là et qu'on a aidé à leur tâche pénible de ces années difficiles qu'ils ont passé contre un régime de massacreurs.
Donc, c'est à eux maintenant de nous aider à devenir des Français. Nous sommes déjà Français sur le papier mais je ne vois pas pourquoi nous ne le serions pas moralement. "

Hamid Ben Merzouga - soldat de la 3ème division d'infanterie algérienne

Bouskri Ben Hamadi,
goumier marocain.
Dessin de Roger Jouanneau-Irriera.

Prov: SHAT


Les éléments constitutifs de l'exposition

Objets, photographies et documents d'archives
Des musées et des centres d'archives ont sorti de leurs collections des objets, des photographies et des documents pour cette exposition, notamment:
Musée de l'Armée (Paris) National Archives (Washington)
Bundesarchiv (Coblence) Imperial War Museum (Londres)
Services historiques de l'Armée de terre et de la Marine (Vincennes)
Etablissement cinématographique et photographique des armées (Ivry)
Musée des troupes de marine (Fréjus) Musée national de la résistance (Champigny)

Témoignages
Des témoignages ont été recueillis depuis une dizaine d'années en France, en Afrique, en Océanie, aux Etats-Unis et en Allemagne : ce sont les acteurs de cette histoire qui en sont les narrateurs.

Portraits de soldats
Roger Jouanneau-Irriera était un dessinateur qui s'engagea dans l'armée française pendant la guerre. Ses portraits d'officiers et de simples soldats, français, africains, arabes, témoignent de la diversité de cette armée française de la libération.

Films
Une série de films courts seront diffusés dans l'exposition. Ils ont été réalisés à partir de témoignages filmés d'acteurs de cette histoire et d'archives cinématographiques.

Amicale du groupe Marat
Téléphone : 04 90 05 78 51
Adresse internet : amicalemarat@wanadoo.fr

Soldats français
devant le fort de Malbousquet,
le 26 août 1944.

15 août 1944:Les tirailleurs africains : un rôle historique

15 août 1944

Les tirailleurs africains : un rôle historique

Le 18 août 1944, sur la plage de Cavalaire, une section du 18ème Régiment de tirailleurs sénégalais.(Photo: National archive and record administration)
Le 18 août 1944, sur la plage de Cavalaire, une section du 18ème Régiment de tirailleurs sénégalais.
(Photo: National archive and record administration)
Créés par décret sous Napoléon III, les régiments de soldats coloniaux d’Afrique ont participé massivement aux deux grandes guerres du 20e siècle et ont largement contribué à la victoire des Alliés en 1945.

Une des caractéristiques des grands conflits européens du dernier siècle que l’on s’apprête à commémorer en France en ce mois d’août a été la participation massive aux combats des soldats issus des pays colonisés. Les effectifs des contingents africains (Algériens, Marocains, Tunisiens, Malgaches et tirailleurs africains confondus) qui ont combattu aux côtés des Français s’élevaient à quelque 416 000 hommes pendant la Grande Guerre et à près de 500 000 en 1939-1945. Malgré les rigueurs climatiques, les maladies et l’attitude des états-majors qui les assignaient systématiquement à des corvées subalternes, ces soldats ont joué un rôle décisif dans la victoire de la France en 1918 et ont contribué à la libération en 1944-45. Comme le rappellent les historiens, la France n’aurait probablement pas pu l’emporter avec ses seules forces, ni en 14-18, ni en 39-45.

Et l’Empire créa les tirailleurs

L’empire colonial français n’aurait sans doute pas existé non plus sans les troupes noires qui ont participé à toutes les opérations de conquête de territoires menées par la République tout au long du 19e siècle en Afrique et à Madagascar. Elles ont remplacé progressivement les soldats européens de base qui résistaient mal aux conditions climatiques tropicales. Dès 1820, les recruteurs militaires engagèrent des Africains comme « laptots » (marins) et soldats. Il s’agissait pour la plupart de captifs que les autorités françaises avaient rachetés à leurs maîtres et dont le temps de service était considéré comme un remboursement. Le décret créant formellement « au Sénégal un corps d’infanterie indigène sous la dénomination de tirailleurs sénégalais » date du 21 juillet 1857 et fut signé par Napoléon III. Ces soldats qui venaient de toute l’Afrique noire étaient souvent des « volontaires forcés », désignés par les chefs de villages qui se débarrassaient ainsi des gêneurs de toute nature. Leurs effectifs n’ont cessé d’augmenter ; ils sont passés de 1 000 en 1867 à 15 000 hommes en 1913.

Cette dépendance croissante à l’égard des bataillons d’Afrique n’a pas pour autant conduit le gouvernement français à inclure l’Afrique dans l’appel à la mobilisation à la veille de la guerre en 1914. A l’époque, l’état-major était profondément divisé sur l’utilisation des troupes noires pour la défense ou la reconquête du territoire métropolitain. Certains pensaient, comme le colonel Mangin, que l’Afrique était un formidable réservoir de soldats pour la métropole. Par ailleurs, l’Afrique n’avait-elle pas une dette de sang envers la France, comme on pouvait le lire en 1909 sous la plume du ministre des colonies de l’époque Adolphe Massimy : « L’Afrique nous a coûté des monceaux d’or, des milliers de soldats et des flots de sang. Mais les hommes et le sang, elle doit nous les rendre avec usure » ?

Une véritable chasse aux recrues

Les cadres coloniaux comme Mangin avaient en face d’eux des spécialistes militaires franchement sceptiques quant à l’efficacité de l’emploi de troupes coloniales sur les fronts européens. Mais ces réserves furent balayées par les énormes besoins en hommes de cette guerre totale. Dès 1916, une véritable chasse aux recrues est mise en place pour combler les rangs vides. La direction des territoires coloniaux fit pression sur les chefs de village, organisant de véritables rafles. Des révoltes éclatèrent ici et là. La France de Clemenceau envoya le Sénégalais Blaise Diagne en 1917 pour convaincre la jeunesse de l’Afrique noire de s’enrôler massivement pour sauver la métropole en danger.

La France établit la conscription obligatoire dans les colonies dès 1919 et appelle de nouveau l’Afrique à la rescousse dès l’imminence d’une nouvelle guerre avec l’Allemagne. Au cours de la décisive bataille de France, en mai et juin 1940, 10 000 soldats noirs furent tués et 7 500 sur 11 000 moururent dans les camps de prisonniers de guerre. Les prisonniers africains, gradés et simples soldats, étaient sommairement exécutés par les Allemands.

Est-ce pour affirmer que la France restait essentiellement une nation européenne et qu’elle était libérée d’abord par les Français que de Gaulle décidera en 1944, au lendemain du débarquement de l’armée française en Provence et à la surprise générale, de démobiliser 20 000 tirailleurs ? Ce « blanchissement » des Forces Françaises Libres ne peut nullement déposséder l’Afrique du rôle historique qu’elle a joué dans cette guerre.


par Tirthankar Chanda

Article publié le 28/07/2004 Dernière mise à jour le 02/08/2004 à 18:42 TU


Cet article a été publié initialement par MFI, l'agence de presse de RFI (plus d'informations)

Inégalité des pensions des tirailleurs africains

Inégalité des pensions des tirailleurs africains

Mme Alima Boumédiene-Thiery
Sénatrice de Paris


Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, depuis quelque temps, il est commun pour les responsables politiques de faire état du devoir de mémoire de notre pays, pour calmer ces jeunes qui refusent les discriminations et demandent plus de droits et de respect, notamment pour leurs chibanis !

Tout d'abord, permettez-moi de vous rappeler que la libération de notre pays a été aussi le fait de la Première armée française, recrutée en Afrique, composée de 200 000 hommes, dont 130 000 « indigènes », c'est-à-dire 110 000 Maghrébins et 20 000 Africains.

Un demi-siècle après, il est intéressant de voir comment sont traités ces hommes que l'état-major français décrivait comme d'excellents combattants, braves et capables des efforts physiques les plus intenses.

Depuis la fin de la colonisation officielle, les anciens combattants et les anciens fonctionnaires d'origine étrangère subissent une inégalité de traitement. Leur pension a ainsi été figée, cristallisée et transformée en indemnité non indexable sur le coût de la vie.

En 1980, près de 700 anciens combattants ont porté plainte et obtenu gain de cause contre la France devant la Commission des droits de l'homme de l'ONU pour discrimination raciale.

En 2001, le Conseil d'État a rendu un arrêt condamnant la France à verser au plaignant, un tirailleur sénégalais, Amadou Diop, une pension établie au même taux que celui en vigueur pour les Français et à lui payer les arriérés dus.

En 2005, Tahar Saïm, ancien militaire algérien vivant à Oran avec 76 euros par mois, a obtenu du tribunal administratif de Poitiers la revalorisation complète de sa pension.

Malheureusement, Amadou Diop et Tahar Saïm, à l'instar d'autres anciens combattants, sont morts avant d'avoir pu bénéficier de cette décision des tribunaux.

A travers la loi de finances rectificative de 2002, le Gouvernement a refusé d'appliquer l'égalité de traitement, reconnue par les tribunaux, et il s'est contenté d'une faible réévaluation, supposée fondée sur le taux de parité du pouvoir d'achat.

Dans le journal Libération du 22 février 2006, monsieur le ministre, vous vous félicitiez de cette « vaste opération de rétablissement de l'équité ». Mais cette mesure est une véritable parodie ! Elle ne répare en rien l'injustice faite aux anciens combattants survivants et à leur famille. En effet, sous le fallacieux argument d'équité qu'invoque le Gouvernement, ce n'est rien d'autre qu'une forme supplémentaire et hypocrite de discrimination qui se cache.

Le fait d'aligner le montant des pensions sur le niveau de vie de chacun des pays où vivent ces personnes revient à pratiquer une nouvelle discrimination, tout à fait illégale, rejetant dans l'ombre le principe de l'égalité de traitement avec les frères de combat français.

Tout d'abord, cette réforme, qui est supposée régler le problème des pensions et retraites de ces anciens serviteurs de la France, en utilisant un critère de résidence au moment de la liquidation, aboutit à maintenir une discrimination légale.

Est ainsi perpétuée l'inégalité entre Français et étrangers, mais également entre étrangers de différentes nationalités, ce qui conduit à des situations paradoxales. En effet, la mesure ne vise que les étrangers. Par exemple, un Français vivant au Maroc reçoit le taux français à la différence du Marocain, mais un Sénégalais qui a liquidé ses droits au Sénégal et qui vit en France n'a pas droit au taux français. On voit bien qu'il y a une véritable inégalité.

Cette réforme est donc un leurre. Je citerai quelques chiffres pour que l'on puisse en juger : lorsqu'un ancien combattant français perçoit 100 euros, un ancien combattant sénégalais qui percevait environ 40 euros perçoit désormais, avec la réévaluation, 46 euros, tandis qu'un ancien combattant marocain qui percevait 8 euros en perçoit désormais 14.

Cette situation est inacceptable ! Nous sommes, en effet, bien loin de l'égalité de traitement et de la dignité dues à ces personnes, comme à tout être humain. Où est l'équité dont vous parliez, monsieur le ministre ? D'autant plus que non seulement le critère de parité du pouvoir d'achat est inacceptable dans le principe, mais, dans les faits, les dispositions réglementaires effectivement utilisées ne respectent pas ce critère.

En réalité, les coefficients de parité utilisés, fondés sur le niveau de la vie, sont beaucoup plus faibles et largement plus défavorables que ceux qui sont fondés sur le coût de la vie et qui avaient été prévus par la loi.

D'ailleurs, le tribunal administratif, dans une décision rendue le 4 mai 2005, demande la revalorisation de la pension avec effet rétroactif, et il vous fait au passage une mise en garde : « pas question de lier la revalorisation au pouvoir d'achat ! »

Or vous avez préféré ignorer cette décision, qui rappelle que « seule est légale la stricte égalité de traitement entre anciens combattants français ou étrangers, quel que soit leur lieu de vie ».

Durant la Seconde Guerre mondiale et les guerres coloniales, sans que l'on exige d'eux qu'ils parlent français ou chantent la Marseillaise, et parfois même contre leur accord, les goums marocains, les spahis algériens, les tirailleurs sénégalais et tant d'autres, ont donné leur courage, leur jeunesse et, parfois, leur vie à la France. Alors pourquoi, aujourd'hui, n'est-il toujours pas question d'accorder aux combattants étrangers du Mali ou du Maroc le même niveau de pension qu'aux anciens soldats français ?

Cela fait près de cinquante ans que cette situation injuste perdure, près de cinquante ans que non seulement des familles entières sont plongées dans la misère et le désarroi, mais surtout que ces hommes voient ainsi leur dignité bafouée.

Quant à la France, elle a fermé le dossier à moindres frais, puisque cela lui coûte aujourd'hui 25 millions d'euros par an. Comme seuls les recours individuels sont possibles, le Gouvernement joue le temps, en comptant sur la disparition progressive de ces hommes âgés et dispersés dans le monde, sans moyen d'agir !

Ce déni de droit ne fait que renforcer les injustices connues pendant la période coloniale, mais il révèle aussi qu'un racisme institutionnel perdure.

Monsieur le ministre, quand allez-vous enfin mettre un terme complet à cette cristallisation et garantir l'égalité des droits en matière de pension et de retraite aux anciens combattants et fonctionnaires étrangers qui se sont mis au service de la France, quel que soit leur lieu de résidence aujourd'hui ?

Quand allez-vous abroger le décret et l'arrêté du 3 novembre 2003, qui maintiennent ces discriminations, et nous proposer un projet de loi visant à supprimer toutes les discriminations faites aux anciens combattants et fonctionnaires étrangers qui ont servi notre pays ?

Que faites-vous pour remédier aux blocages générant des discriminations de fait ? En effet, les neuf dizièmes des personnes concernées ne résident pas en France : pour des raisons d'éloignement géographique, couplées au fait qu'elles sont souvent d'origine sociale défavorisée, qu'elles ont des difficultés avec le langage administratif, et souvent de lourds handicaps liés à leur âge, elles ne disposent pas, dans les faits, de la possibilité d'utiliser les outils de droit, et donc de contester effectivement les décisions discriminatoires et illégales des administrations devant les tribunaux français.

Dès lors, pour ces personnes qui subissent une exclusion de droit et de fait, quels moyens pensez-vous mettre en place, auprès de nos ambassades et de nos consulats, pour faire respecter le droit reconnu dans les arrêts du Conseil d'État ?

M. Hamlaoui Mékachéra,
ministre délégué aux anciens combattants.

Madame le sénateur, vous avez décrit une situation difficile sur laquelle je suis entièrement d'accord avec vous, mais c'était la situation d'avant 2002, et cela nous a effectivement choqués lorsque nous sommes arrivés aux affaires.

En effet, ces hommes, qui ont combattu pour la France, qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes et qui, parfois, sont allés jusqu'au sacrifice suprême, étaient traités de façon « légère », pour ne pas dire plus !

Durant plus de quarante-cinq ans, j'y insiste, tous les gouvernements qui se sont succédé ont ouvert ce dossier et n'ont apporté aucune réponse. Il est à l'honneur du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin d'avoir apporté ces réponses.

Vous dites qu'il n'y a pas eu « décristallisation ». C'est inexact, madame le sénateur. Concrètement, le principe de la décristallisation a été inscrit dès la loi de finances rectificative pour 2002, puis mis en oeuvre par le décret du 3 novembre 2003.

Cette décristallisation a été observée avec la plus grande attention, car nous voulions faire en sorte qu'une autre iniquité ne vienne pas s'ajouter à celles que nous voulions corriger.

C'est ainsi que nous avons décidé, en effet, de recourir à la grille de parité du pouvoir d'achat de l'ONU. Ce mode de calcul permet de garantir aux anciens combattants ou ayants droit concernés un pouvoir d'achat équitable.

Vous avez cité tout à l'heure l'exemple des Sénégalais. Nous ne voudrions pas qu'en opérant une distribution nominale des droits de chacun l'on arrive à une iniquité qui frapperait alors les Français métropolitains.

Si, par exemple, un ressortissant sénégalais, vietnamien ou algérien, avec un taux d'invalidité équivalent à celui de ses camarades français à Paris, peut se procurer 10 kilos de sucre, alors qu'un autre peut s'en procurer 100 kilos, ce n'est pas équitable. C'est donc le pouvoir d'achat qui est important et non pas la distribution nominale, dont on veut nous faire croire qu'elle représente l'égalité.

Ainsi, il a été décidé, premièrement, une décristallisation et une actualisation des trois prestations qui étaient gelées et qui sont : la retraite du combattant, la pension militaire d'invalidité et la pension de retraite.

Deuxièmement, nous avons décidé d'accorder à toutes les veuves la réversion - qui était gelée - des pensions de retraite ou d'invalidité.

Troisièmement, nous avons décidé de permettre une révision des droits pour les pensions militaires d'invalidité en cas d'aggravation des infirmités initialement reconnues et indemnisées comme telles.

Quatrièmement, enfin, nous avons instauré un rappel de quatre ans, tenant compte de la révision de ces prestations.

Il s'agit là, madame le sénateur, d'une vaste opération de rétablissement de l'équité. La première année, 130 millions d'euros ont été consacrés à cette décristallisation, 132 000 prestations ont été concernées et ces indemnités ont profité à 83 000 pensionnés appartenant à vingt-trois pays différents.

Nombreux étaient ceux qui appelaient cette décristallisation de leurs voeux. Vous avez évoqué tout à l'heure la Seconde Guerre mondiale : elle ne constitue pas une spécificité, toutes les générations du feu ont droit aux mêmes règles d'attribution des pensions d'invalidité et des pensions de retraite. Quant aux tirailleurs, ce n'est qu'une subdivision d'arme : ils sont à l'infanterie ce que les spahis sont à l'arme blindée et à la cavalerie.

Nous n'avons donc pas de problème de conscience. Une équité parfaite a été établie, en s'appuyant sur la grille de parité du pouvoir d'achat de l'ONU. Nous aurions souhaité que les gouvernements qui nous ont précédés, notamment avant 2002, établissent cette équité, et nous regrettons beaucoup qu'ils ne l'aient pas fait !

Mme Alima Boumediene-Thiery.

Monsieur le ministre, il s'agit en effet d'une situation difficile qui perdure, que vous avez trouvée ainsi, mais aujourd'hui, en 2006, il est important d'y remédier. Or, la réponse que vous m'avez apportée est tout à fait insuffisante.

Vous nous avez parlé de 130 millions d'euros, mais, pour régler l'ensemble de ces dossiers, nous avons besoin de 1,83 milliard d'euros.

Vous avez mis en avant le principe de l'équité du pouvoir d'achat. Permettez-moi de relever un certain mensonge, qui justifie la poursuite de discriminations fondées sur des critères tout à fait douteux et contestables.

Prenons le cas du Maroc qui, selon le classement de la Banque mondiale, est le troisième pays d'Afrique pour son niveau de vie, après la Tunisie et l'Algérie. Or les pensions attribuées aux anciens combattants marocains pour la France sont les plus faibles de toute l'Afrique ; d'ailleurs, cette discrimination s'applique aussi aux Marocains qui vivent en France. Il s'agit donc d'une véritable spoliation, qui n'a pas trouvé de solution.

Je terminerai en disant que la mémoire partagée ne pourra être bâtie que si les discriminations et les dénis de justice s'arrêtent. En effet, ces hommes sont un symbole vivant de notre histoire commune, mais pour faire en sorte que cette mémoire perdure et qu'elle soit respectée, nous devons avant tout réussir à appliquer le principe de l'égalité des droits. La France ne pourra pas faire respecter, ni par sa jeunesse ni par les pays étrangers, ce qu'elle ne peut pas porter elle-même, c'est-à-dire les valeurs d'égalité des droits et de traitement.

Il est important, si elle veut faire valoir sa mémoire et sa parole, qu'elle accepte les décisions du Conseil d'État et des tribunaux.



http://www.senateurs-socialistes.fr/article/articleview/2908/1/453

SARKOZY passe par les Tirailleurs pour faire avaler la pilule.

SARKOZY passe par les Tirailleurs pour faire avaler la pilule.

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Après une bonne et mémorable remontrance, c’est maintenant l’heure de faire des caresses. Le président Nicolas Sarkozy, en bon père de famille, a compris qu’il faut toujours alterner le chaud et le froid pour garder l’équilibre. Ne dit-on pas qui aime bien châtie bien ?

Le comportement paternaliste de la France envers l’Afrique n’est pas prêt de s’estomper. Attitude rendue davantage facile par certains Africains , leurs dirigeants et aussi de quelques intellectuels qui continuent d’entretenir la légende d’une amitié française envers le continent africain en lorgnant vers quelques bienveillances personnelles. Oubliant au passage que De Gaulle lui-même rappelait que la France n'a pas d'amis, mais des intérêts.

C’est ainsi donc qu’après avoir tancé les Africains à Dakar sans qu’aucun dirigeant africain [excepté Thabo MBEKI dont la réplique a été rendue maladroite pour une question de traduction dit-on ] ne daigne reprendre celui-ci, la France fait un geste tendre aux Africains. Demain, sera inauguré à Oulches-la-Vallée-Foulon par le roi himself, un monument à la mémoire des tirailleurs Sénégalais (1). Nom générique et dénigrant donné à tous ces Africains morts pour sauver l’ingrate. Tir-ailleurs pour les Africains et « Tirjustes » pour les autres ? Quel mépris.

Une flatterie qui, dans l’esprit des initiateurs, consiste à distraire la galerie et détourner l’attention des questions essentielles. Pendant ce temps, des Africains sont tous les jours humiliés, tués sur le sol français et même dans leur propre territoire par une France occupante sous le silence complice des dirigeants africains, valets de Nicolas Sarkozy. La frontière entre la république centrafricaine et le Tchad est le théâtre d’un pilonnage des éléments de l’armée française et que les médias et la diplomatie se gardent de parler à l’opinion publique. A cette violence militaire, on y ajoute l’agression des groupes occidentaux envers les populations locales, pour l’extraction du diamant et autres matières premières.

Pour la jeunesse africaine, il est important de savoir qu’un tel monument ne signifie pas grande chose ce pour au moins trois raisons :

1- La France a quand même massacré la plupart de ces soldats, pour l’unique raison qu’ils demandaient la reconnaissance. Le Massacre de Thiaroye. Cet acte aurait été crédible si ce massacre n’avait pas été perpétré. Si le tirailleur ne s’était pas vu sa pension de guerre confisquée. Il vient aussi bien trop tard remarqueront certains à juste titre.

2- L’Afrique est agressée, violée par des monuments de colonisateurs européens qui sont le symbole d’une occupation barbare et criminelle. Le dernier en date est le mausolée pour Brazza de Savorgnan. Et tout le travail à faire aujourd’hui est de remplacer ces monuments et statues par des symboles africains, car l’Afrique regorge de dignes fils.

3- L’Afrique ne doit strictement rien à la France , tout ce que les africains demandent, c'est qu'elle reste en dehors de ses affaires. Les Bongo, Sassou, Wade, Biya, sont ses bras armés qui empêchent tout décollage, bien sûr avec les accords bidons dénoncés et auxquels la France ne voudrait renoncer.

(1) voir ici

http://mboangila.afrikblog.com/archives/2007/09/21/6284881.html

Saturday, September 01, 2007

Il y a 150 ans, les tirailleurs sénégalais

Il y a 150 ans, les tirailleurs sénégalais

En France, le grand public commence enfin à connaître le rôle joué par les combattants des anciennes colonies.     (Photo : AFP)
En France, le grand public commence enfin à connaître le rôle joué par les combattants des anciennes colonies.
(Photo : AFP)
Il y a cent cinquante ans, naissait le Corps des tirailleurs sénégalais, à l’instigation du gouverneur de l’Afrique occidentale, Louis Faidherbe. Même si beaucoup d’entre eux servirent de supplétifs à l’armée coloniale, l’histoire retiendra surtout leur participation massive à la Première et la Seconde Guerre mondiale. Sans oublier le long combat pour l’égalité de traitement avec leurs frères d’armes français. Des commémorations sont prévues ce premier septembre à Toulon tout comme au Sénégal, où l’on constate un regain d’intérêt pour ces aînés qui ont fait la Grande Guerre.

En 2004, le rond-point situé face à la gare ferroviaire de Dakar a été rebaptisé place du Tirailleur. Au milieu, trône une statue d’un poilu et d’un combattant sénégalais, côte à côte.

Depuis lors, une journée d’hommage aux soldats africains des deux guerres mondiales est célébrée chaque année.

Alors qu’en France, le grand public commence enfin à connaître le rôle joué par les combattants des anciennes colonies dans la libération de la France, de nombreux Sénégalais redécouvrent leur histoire.

Car même si les tirailleurs ont toujours eu ici une place dans l’enseignement, ces dignes vieillards couverts de décorations avaient souvent le sentiment d’être ignoré de leurs concitoyens.

Depuis la polémique sur les pensions, le regain d’intérêt est certain. Récemment, les élèves de troisième ont même eu à plancher sur une page tragique : le massacre de Thiaroye, qui vit des soldats français ouvrir le feu sur des dizaines de tirailleurs, le 1er décembre 1944. C’est d’ailleurs cette date qui a été retenue cette année pour la journée nationale du tirailleur.

Issa Cissé, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale

Interrogé par Christophe Champin

«Nous avons combattu à côté des Français, comme Français... On chantait la Marseillaise.»



par RFI

Article publié le 01/09/2007 Dernière mise à jour le 01/09/2007 à 09:08 TU


http://www.rfi.fr/actufr/articles/093/article_55939.asp

Friday, August 31, 2007

Pierre Messmer, un soldat que le Cameroun n'a pas oublié

Pierre Messmer, un soldat que le Cameroun n'a pas oublié

A chaque disparition, la coutume veut que l'on oublie les zones d'ombre de la vie d'un homme. Pourtant, lorsque celle-ci fut celle, très publique, d'un "grand serviteur de l'Etat", il est nécessaire de ne rien omettre. Le récit de la vie de Pierre Messmer, décédé mercredi à 91 ans, n'échappe pas à la règle. "Soldat" pour La Tribune, "Légionnaire" du gaullisme pour Le Figaro ou encore un "homme de combat" pour Le Monde. Il y a, dans toutes ces expressions, la marque de ce que fut Pierre Messmer, toute sa vie, avec résolution: un soldat de métier. Et ce, dans une période, la guerre froide, qui supposait parfois de mettre de côté certaines convictions humanistes.

Tirailleur, légionnaire, administrateur colonial...

Alsacien d'origine, Pierre Messmer fut soldat bien avant la guerre. Dès 1937, jeune diplômé de l'Ecole nationale de la France d'Outre-mer, il est nommé sous-lieutenant du 12e Régiment de Tirailleurs sénégalais. Quand survient la déroute de l'hiver 1939-40, il fait un choix courageux et minoritaire à l'époque, celui de Londres où il s'engage dans la 13e Demi-brigade de Légion étrangère. Cette unité occupe une place particulière dans la légende gaulliste. Elle est la première à incarner l'espoir de la reconquête contre les troupes du IIIe Reich en partant d'Afrique. Sénégal, Gabon, Libye, Tunisie, Londres à nouveau puis la Normandie et Paris où le capitaine Messmer entre en vainqueur le 25 août 1944.

La suite est moins connue. Promu commandant en janvier 1945, le jeune Messmer -il a alors 29 ans- choisit le front indochinois pour continuer le combat. Le 27 août 1945, il est parachuté sur le Tonkin et immédiatement capturé par le Viet-Minh. Il s'échappe au bout de deux mois de captivité. Une expérience traumatisante, après laquelle il retrouve le chemin de l'administration coloniale. Il passe alors cinq ans en Indochine, à Hanoï dans les arcanes du Haut commissariat. La suite figure dans toutes les biographies, comme celle établie par La Tribune:

"Administrateur du cercle de l'Adrar mauritanien (1950-1952), gouverneur de la Mauritanie (1952-1954), de la Côte d'Ivoire (1954-1956), directeur de cabinet du ministre de la France d'Outre-mer Gaston Defferre (1956), Haut commissaire de la République au Cameroun (1956-1958), en Afrique équatoriale (1958) et en Afrique occidentale française (1958-1959), Pierre Messmer joue un rôle primordial dans le processus de décolonisation douce qui voit la France se séparer sans drame de ses colonies africaines."

Au Cameroun, la première opération de pacification en Afrique sub-saharienne

Je ne suis pas sûr que l'on puisse parler de "processus de décolonisation douce" en évoquant le passage de Pierre Messmer au Cameroun. Les bribes d'histoire filtrant depuis les pays Bassa et Bamiléké nous disent même exactement le contraire. Depuis 1955, la France fait face dans ce territoire administré sous tutelle de l'ONU à une rébellion de l'Union des populations du Cameroun (UPC) emmenée par Ruben Um Nyobé, fils de sorcier Bassa et syndicaliste proche des communistes. Officiellement interdite depuis un décret de juillet 1955, l'UPC entretient un climat de guérilla dans le pays. Attentats, actions de sabotage, assassinats... Dans la nuit du 18 au 19 décembre 1956, pour appuyer son mot d’ordre de boycottage aux élections de l’Assemblée territoriale, elle opère une série d’attentats qui coûtent la vie à 96 "valets du colonialisme". En Sanaga maritime, les opérations de vote sont suspendues, tandis que 80% des électeurs s'abstiennent à Douala.

Le Haut-commissaire Messmer va alors changer de stratégie. Au dialogue politique, il substitue une vaste manoeuvre contre-insurrectionnelle, directement inspirée de la doctrine de la "guerre révolutionnaire" théorisée en Indochine et appliquée en Algérie. A Paris, il rend visite au général de Gaulle, qui est alors en pleine traversée du désert, dans son bureau de la rue de Solférino:

"Je lui expose la situation au Cameroun, écrit Messmer dans ses mémoires, et la politique arrêtée par le gouvernement sur ma proposition. Il m’écoute attentivement et me répond par des généralités car il s’interdit alors de se prononcer sur l’action gouvernementale. Mais je comprends que, sur ce point précis, il n’y est pas hostile."

Quelle est cette nouvelle politique? Réponse de l’intéressé:

"Désormais, ma stratégie sera simple: ayant réussi à contenir la révolte de l’UPC dans son berceau du pays bassa, je l’y étoufferai. Et j’y parviendrai, remportant l’un des deux succès français de l’après-guerre contre des insurrections outre-mer (l’autre étant Madagascar)."

Pour mémoire, rappelons que l'insurrection de 1947 fit environ 40 000 morts.

Quadrillage et recensement

La suite? Rien moins que la première opération de pacification lancée en Afrique sub-saharienne, selon les principes de la "guerre révolutionnaire". Les manoeuvres sont racontées -un peu- par Messmer, mais surtout par un mémoire du commandant Jean Le Guillou, stagiaire de la 73e promotion de l'Ecole supérieure de guerre, "Une pacification réussie: la réduction de la rébellion upéciste en Sanaga maritime (Cameroun 1957-1958)." Le 9 décembre 1957 est créée la Zone de pacification du Cameroun (Zopac): 7 000 km2 contrôlés par sept compagnies d'infanterie qui vont quadriller l'espace. "Ce découpage, écrit le commandant Le Guillou, s’adapte à peu près à celui des rebelles tel qu’on le connaît alors et se conforme naturellement à l’ossature du terrain."

Le tout est articulé à un puissant appareil de renseignement mixte civilo-militaire, mêlant policiers, gendarmes et soldats, français et camerounais. Sans oublier des patrouilles de bons citoyens. L’état-major mixte a donc prévu, dans un premier temps, de séparer l’eau du poisson. Autrement dit, d’éloigner la population des principaux foyers de la rébellion. Pour cela, les soldats regroupent tous les habitants de la région autour des axes routiers dont l’armée est sûre de garder le contrôle. Ces villages sont gardés, entourés de palissades avec un mirador et pourvus d’une équipe de surveillance chargée d’alerter la troupe en cas d’attaque nocturne. A l’entrée, une liste des habitants recensés, quartier par quartier, foyer par foyer, liste tenue par les chefs traditionnels. Régulièrement, de nuit comme de jour, l’autorité fait l’appel des habitants, exactement comme dans n’importe quel camp de prisonniers. Dans certains villages, ils reçoivent une carte de recensement avec photographie qui sert à la fois de carte d’identité et de permis de circulation.

Traque et ralliement

A partir du 1er avril 1958, le remède devient une cure de choc. Le but: "Pourchasser inlassablement les formations rebelles, tandis qu’une action particulière de propagande incitera les maquisards à se rallier."
La traque aux rebelles dans la forêt se déroule comme une partie de chasse: quatre à six hommes, un officier et un pisteur local. L'objectif consiste à désorganiser les liaisons de l'ennemi et surtout à créer un climat d'insécurité qui incite les séparatistes à abandonner la lutte armée. Dès le 7 juin 1958, le général Nyobé Pandjock, chef militaire de l'UPC, est abattu au "cours d’un raid monté sur renseignement". Le 13 septembre, Ruben Um Nyobé est victime d’une opération similaire, son corps est immédiatement coulé dans un bloc de béton pour éviter d'avoir un martyr. Commence alors la phase de "ralliement": journal destiné au milieux ruraux, "agents de propagande" dans les villages et séances de rééducation concoctées par les officiers de l'action psychologique.

Combien de victimes derrière cette ultime réaction du pouvoir colonial? Dans un témoignage non démenti, Max Bardet ("OK Cargo!", Editions Grasset, 1988), ancien pilote d’hélicoptère français présent au Cameroun entre 1962 et 1964, avance comme bilan des bombardements au napalm effectués cette fois-ci en pays Bamiléké le chiffre de 300 000 à 400 000 morts. Tous les Camerounais savent que pendant les années 1960 et 1970, on exposait sur les marchés de la région les têtes coupées des maquisards de l’UPC. L'histoire reste donc à écrire.

Pierre Messmer ne verra pas la fin des massacres. Dès l'automne 1958, il a été promu à Brazzaville, Haut-commissaire pour l'Afrique équatoriale française. Il continue son ascension vers les sommets du pouvoir: ministre des Armées (neuf ans, un record sous la Ve République), Premier ministre (deux ans) et enfin, l'immortalité de l'Académie française.

La pacification camerounaise fut une politique d'Etat, et Messmer n'en est certainement pas le seul architecte. Mais si l'on évoque la figure de l'autorité, n'oublions pas sa face la plus dure, celle de l'exercice de la violence légitime de l'Etat. Violence dont tout homme d'Etat doit pouvoir un jour rendre compte devant l'Histoire.