LA JUSTICE EST LA VÉRITÉ EN ACTION. (J.Joubert)

AMERE PATRIE ,LA FRANCE NON RECONNAISSANTE


Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur. (proverbe africain)

As long as lions have not their own historians,hunting tales will keep glorifying the hunter.(African proverb)



DE NOMBREUX COMBATS SONT A MENER DANS LA SOCIETE DANS LAQUELLE NOUS VIVONS;J'AI CHOISI LE MIEN :LA BATAILLE CONTRE L'INJUSTICE.
DANS CET ORDRE D'IDEE,UN DE MES CHEVAUX DE BATAILLE EST LA SITUATION DES ANCIENS COMBATTANTS AFRICAINS TRAHIS PAR LA FRANCE.

LA FRANCE SE DOIT UN DEVOIR DE MEMOIRE AFIN QUE JUSTICE SOIT RENDUE AUX CENTAINES DE MILLIERS D'AFRICAINS MORTS POUR UN PAYS QU'ILS CROYAIENT LEUR PATRIE.
AINSI C'EST PAR CENTAINES DE MILLIERS QUE DES SOLDATS D'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE ,D'AFRIQUE EQUATORIALE FRANCAISE ,D'AFRIQUE DU NORD FRANCAISE (MAROC,ALGERIE,TUNISIE),ONT ETE CONSCRITS DANS L'ARMEE FRANCAISE.
PLUS DE 2.5 MILLIONS SONT MORTS EN FRANCE DANS LA SOMME,A VERDUN....,A BIR HAKEIM EN LYBIE.


CE DEVOIR DE MEMOIRE SERA RETABLI QUAND LA FRANCE RECONNAITRA LA CITOYENNETE FRANCAISE IPSO FACTO AUX DERNIERS SURVIVANTS AINSI QU'AUX ENFANTS , PETITS ENFANTS ET ARRIERES PETITS ENFANTS DE CES HEROS AFRICAINS QUI ONT VERSE LEUR SANG POUR QUE LA FRANCE DEMEURE UN PAYS LIBRE.

COMBATTRE LA FALSIFICATION DE L'HISTOIRE TEL EST AUSSI L'AUTRE BUT DE MON BLOGUE.
LA VERITE SUR CES FAITS HEROIQUES DES VALEUREUX TIRAILLEURS AFRICAINS DEVRA AUSSI ETRE RELATEE DANS TOUS LES LIVRES D'HISTOIRE DE FRANCE ET DE NAVARRE.

CE BLOGUE EST DEDIE A LA MEMOIRE DE TOUS CES HEROS AFRICAINS DES DEUX PREMIERES GUERRES MONDIALES AUJOURDHUI DISPARUS ET AUX SURVIVANTS DES GUERRES ( 1939-45), D'INDOCHINE ET D'ALGERIE.

E. do REGO

LA DETTE DE SANG DE LA FRANCE

LA FRANCE ATTEND LA DISPARITION DES DERNIERS COMBATTANTS AFRICAINS POUR EFFACER DE NOS MÉMOIRES LEUR DON DE SOI POUR UNE NATION AUJOURD'HUI INGRATE.

NOUS SOMMES LÀ POUR DÉFENDRE CES CENTAINES DE MILLIERS DE TIRAILLEURS AFRICAINS ET QUOIQUE QU'IL ARRIVE,NOUS PERPÉTUERONS LEUR MEMOIRE POUR LES GÉNÉRATIONS A VENIR.

LA FRANCE DOIT PAYER SA DETTE DE SANG DUE AUX TIRAILLEURS AFRICAINS MORTS POUR ELLE .
LA MOINDRE CHOSE QUE CETTE FRANCE DITE DES DROITS DE L'HOMME SE DOIT DE FAIRE :

RECONNAITRE ET ACCORDER IPSO FACTO LA CITOYENNETÉ FRANÇAISE DE PLEIN DROIT AUX TIRAILLEURS AFRICAINS MORTS ,AUX SURVIVANTS ET AUX DESCENDANTS DE TOUS CES SOLDATS AFRICAINS QUI SE SONT LEVÉS COMME UN SEUL HOMME POUR SAUVER LA FRANCE DE LA BARBARIE EUROPÉENNE.

E. do REGO

Hommage au tirailleurs sénégalais Slam par Manu poéme de léopold Senghor

Hommage aux Tirailleurs Africains

ekodafrik.net- Hommage aux Tirailleurs Africains
Video sent by ekodafrik

Depuis un certain nombre d’années, à l’initiative de l'AMAF (Amis de l'Afrique Francophone), de l'ANEB (Association Nationale des Elus Des Banlieues) et de plusieurs autres associations, un hommage solennel est rendu aux Tirailleurs Africains morts pour la France. Ce 8 mai 2007, une cérémonie a eu lieu au Tata Sénégalais de Chasselay (69) en présence des autorités. Plusieurs gerbes ont été déposées en souvenir de ces vaillants combattants. Il est à rappeler que ces derniers combattaient encore pendant que les Allemands défilaient déjà en plein centre de Lyon puisque la ville avait été déclarée «ouverte» par le Maire Edouard HERRIOT. Tous ces combattants appartenaient à la 3ème compagnie du 25ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais. Ces vaillants soldats sont la FIERTE des Noirs de France au moment où certains ont tendance à croire qu’ils sont les seuls dépositaires de «l’identité nationale». Dans le reportage vidéo, vous pourrez voir les réactions du doyen BALDE (ancien combattant de Guinée), Sabiha AHMINE (Adjointe au Maire de Lyon), Hassan DIALLO (Conseiller du Président du Niger), Reski SEBAÏ (Lycée Al Kindi), Bacary GOUDIABY (Akody sur Radio Pluriel 91.5 fm Lyon), Azzedine GACI (président du conseil régional du culte musulman Rhône-Alpes) et le Père DELORME.

LES OUBLIÉS DE LA RÉPUBLIQUE




Le 16 juin 2009

046.1241854637

Photographies Philippe Guionie, Prix Roger Pic 2008 pour son portfolio Le tirailleur et les trois fleuves. Ouvrage : Anciens combattants africains, Éd. Les Imaginayres

Paris, 17 juin 2009
- A chaque commémoration nationale (11 novembre, 8 mai, 6 juin, 15 Août), le sort miséreux des anciens combattants arabes et africains, musulmans ou chrétiens de l’armée française, laissés à leur sort, refait surface, dans une sorte de réflexe pavlovien traité périodiquement par la presse comme la marque de soulagement de la bonne conscience française d’une mauvaise conscience chronique. «Les oubliés de la République» ne le sont pas vraiment. Ils sont volontairement maintenus en l’état, volontairement maintenus dans l’oubli de leur condition malgré l’émotion soulevée par le film «Indigènes» en 2006 dans la foulée des émeutes des banlieues françaises, malgré la surprise feinte de la classe politico médiatique face à cet aspect hideux de la bureaucratie française.
Au delà des indignations de circonstance, il traduit la permanence d’une posture proto fasciste inhérente à tout un pan de la société française.

La France qui se refuse aux statistiques ethniques comme contraires aux principes fondateurs de la République française (Egalité et Fraternité), est, en fait, un ferme partisan de cette pratique discriminatoire dans la rétribution de ses anciens combattants d’origine non française, et, même au-delà, dans la mobilité sociale des diverses composantes de la société française.

Pour mémoire, le bilan des pertes indigènes pour les deux grandes guerres mondiales du XX e siècle, s’est élevé, rien que pour les tués, à 113.000 morts, soit autant que la population conjuguée des villes de Vitrolles et d’Orange, les deux anciens fiefs du Front National. Il n’était pas alors question de «seuil de tolérance», encore moins de test ADN, ni de charters de la honte, mais de sang à verser à profusion, comme en témoigne le tableau suivant:

1-La contribution globale des colonies à l’effort de guerre français

La contribution globale de colonies à l’effort de guerre français pour la 1ère Guerre Mondiale (1914-1918) s’est élevée à 555.491 soldats, dont 78.116 ont été tués et 183.903 affectés à l’arrière à l’effort de guerre économique en vue de compenser l’enrôlement de soldats français sur le front (1). L’Algérie, à elle seule, a fourni 173.000 combattants musulmans, dont 23.000 ont été tués, et 76.000 travailleurs ont participé à l’effort de guerre, en remplacement des soldats français partis au front. La contribution totale des trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc) s’est élevée à 256.778 soldats, 26.543 tués et 129.368 travailleurs. L’Afrique noire (Afrique occidentale et Afrique équatoriale) a, pour sa part, offert 164.000 combattants dont 33.320 tués, l’Indochine 43.430combattants et 1.123 tués), L’Ile de la Réunion 14.423 combattants et 3.OOO tués, Guyanne-Antilles (23.OOO combattants, 2037 Tués).

Pour la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945): La première armée d’Afrique qui débarqua en Provence (sud de la France), le 15 août 1944, avait permis d'ouvrir un deuxième front en France après le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. Cette armée de 400.000 hommes, comptait 173 000 arabes et africains dans ses rangs. De juin 1940 à mai 1945, cinquante cinq (55 000) Algériens, Marocains, Tunisiens et combattants d'Afrique noire furent tués. 25 000 d'entre eux servaient dans les rangs de l'armée d'Afrique.
Durant la campagne d’Italie, marquée par la célèbre bataille de Monte Cassino, qui fit sauter le verrou vers Rome, et, à ce titre, célébrer comme la grande victoire française de la II me guerre mondiale, sur les 6.255 soldats français tués, 4.000, soit les deux étaient originaires du Maghreb et parmi les 23.5000 blessés, 15.600, soit le tiers étaient du Maghreb. Ahmad Ben Bella, un des futurs chef de file de la guerre d’indépendance algérienne et premier président de l’Algérie indépendante figurait parmi les blessés de la bataille de Monte Cassino. Il en est de même de la campagne d’Allemagne, sur les 9.237 tués, 3.620 étaient des enrôlés du Maghreb, et sur les 34.714 blessés, 16.531 étaient Maghrébins.

2- «Les oubliés de la République», la permanence d’une posture raciste.

Le maintien d’une pratique discriminatoire dans la rétribution des anciens combattants d’origine non française traduit le mépris de la France à l’égard de ses anciens servants, et pis, à l’égard de ses propres principes. Elle porte la marque d’un racisme institutionnel subliminal dans le droit fil des notations des travailleurs coloniaux de l’entre deux guerres (1919-1939). A l’instar d’une cotation boursière sur un marché de bétail, ceux-ci les étaient déjà à l’époque crédités de points, avec les responsabilités et rétributions y afférentes, en fonction de leur nationalité et de leur race avec de subtiles distinctions selon leur lieu de provenance. Ainsi le Chinois se situait au bas de la hiérarchie, sa production évaluée à 6 sur une échelle où le Marocain était placé à 8, l’Algérien (arabe), le Kabyle et le Grec à 10, l’Italien et l’ Espagnol à 12, alors que le Français se trouvait dans tous les classements naturellement au sommet de la hiérarchie avec une note inégalable de 20 sur 20. Score jamais enregistré par aucune autre nationalité, sous aucun autre ciel, dans aucune autre compétition (2).

La France a décidé de geler le montant des retraites des combattants étrangers en raison du poids financier que cette charge représentait pour le budget français, habillant cette mesure économique de considérations morales: geler le niveau de la retraite à la date de l’indépendance de leur pays respectif pour marquer la scission d’avec la métropole. Ce geste symbolique de rupture occulte le fait que les anciens combattants avaient servi leur colonisateur et non leur pays d’origine.

Argument fallacieux s’il en est, il ne résiste pas à l’analyse pas plus que l’argument de rechange qui relevait, lui aussi, de la pure casuistique: Le gel de pensions à leur niveau de l‘accession à l’indépendance du pays concerné évitait que les retraités indigènes ne disposent de revenus plus importants que leurs compatriotes non combattants de leur pays d’origine, afin de prévenir toute déstabilisation de leur environnement local. Une sorte de nivellement par le bas enrobé du pompeux mot de «cristallisation», par analogie au phénomène chimique.

Les circonvolutions juridiques ne changeront rien à la réalité des choses, et, au-delà des considérations économiques, la décision française induit implicitement un jugement moral sur la valeur respective du sang français et du sang indigène sur la bourse des valeurs entre des frères d’armes qui encourrait pourtant à l’époque le même péril dans un même combat. Comment justifier, sinon, cette discrimination dans le traitement d’un ancien combattant français qui perçoit 600 euro par mois d’indemnités, d’un sénégalais 100 euro par mois ou, pis, d’un marocain qui a droit à 60 euro par mois, soit dix fois moins que le français, sous réserve d’une obligation de résidence de neuf mois par France par an.

N’en déplaise à personne, la disparité des retraites constitue sans contestation possible une forme insidieuse de la diversité à la française ancrée durablement dans la conscience nationale et que le président Nicolas Sarkozy se propose de réactualiser comme antidote au principe fondateur de la République française, le principe d’égalité. La pension de retraite des anciens combattants indigènes apparaît ainsi comme un salaire ethnique, inique et cynique. Une discrimination injustifiable tant au niveau du droit que de la morale, en ce qu’elle aboutit à pénaliser des étrangers pour leur suppléance de la défaillance des Français dans la défense de leur propre territoire national. Une double peine en somme en guise de gratitude.

Son maintien, en dépit des critiques, signe la permanence de la filiation gobino-darwiniste du corpus juridique français matérialisée par la codification du Code Noir de l’esclavage (pour le continent noir) et le Code de l’Indigénat (pour les musulmans d’Algérie), au XVIIIe et XIXe siècle.
Une filiation confirmée au XXe siècle par la mise en œuvre d’une théorie raciale des valeurs avec la notation des travailleurs coloniaux selon un critère ethnique, la mise sur pied des »zoos humains» de même que d’un «bureau des affaires nord africaines» dans l’entre deux guerre (1919-1939), précurseur du «Commissariat aux affaires juives» et de l’imposition de «l’étoile jaune» sous le régime de Vichy (1940-1944). Une filiation réitérée, enfin, au XXIe siècle, par la discrimination salariale des anciens combattants basanés et le test ADN pour le regroupement familial des travailleurs expatriés de l’ère sarkozy.

Cette approche raciale est en contradiction avec la contribution des peuples basanés à la liberté de la France et à sa reconstruction, en contradiction aussi avec les principes universalistes que la «Patrie des Droits de l’Homme» ambitionne de véhiculer à travers le monde, une théorie qui dessert enfin la France et son obère son discours humaniste.

3- Du rôle positif des colonisés par rapport à leur colonisateur

La France, pour douloureux que soit ce constat pour notre amour propre national, a été le seul grand pays européen à l’articulation majeure des deux grands fléaux de l’Occident de l’époque contemporaine, «les penchants criminels de l’Europe démocratique» (4), la traite négrière et l’extermination des Juifs, contrairement à la Grande Bretagne qui a pratiqué la traite négrière exclusivement, sans aucunement participé à l’extermination des Juifs, contrairement même à l’Allemagne qui a conçu et réalisé, elle, la solution finale de la question juive, mais sans participation significative à la traité négrière.

Elle se distingue aussi des autres grands pays occidentaux non seulement dans le traitement réservé à ses anciens combattants indigènes, mais aussi dans sa dette morale à leur égard. Jamais pays au monde n’a été autant que la France redevable de sa liberté aux colonies, jamais pays au monde n’a pourtant autant que la France réprimé ses libérateurs souvent de manière compulsive.

Là réside le paradoxe de la France: Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, dans une « querelle de blancs », avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière suffisamment répétitive pour ne pas être un hasard, à Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à Madagascar, en 1947, enfin, au Cameroun, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.

En Grande Bretagne, contrairement à la France, la contribution ultramarine à l’effort de guerre anglais a été de nature paritaire, le groupe des pays anglo-saxons relevant de la population Wasp (White Anglo Saxon Protestant), -Canada, Australie, Nouvelle Zélande-, a fourni des effectifs sensiblement égaux aux peuples basanés de l’empire britannique (indiens, pakistanais etc.). Il s’en est suivi la proclamation de l’Indépendance de l’Inde et du Pakistan en 1948, au sortir de la guerre, contrairement, là aussi, à la France qui s’engagera dans dix ans de ruineuses guerres coloniales (Indochine, Algérie).

Autre paradoxe, leur stigmatisation par le terme «Bougnoule» (5), terme pourtant qui tire ainsi son origine de l’expression argotique de cette supplique ante mortem. Par un dévoiement de la pensée sans doute unique au monde, la revendication ultime préludant au sacrifice suprême -«Aboul Gnoul, apporte l’alcool»- le breuvage galvaniseur de l’assaut des lignes ennemies, finira par constituer la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.

Dans les ouvrages français, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique: «Le bougnoule, nom masculin apparu en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XX me siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux Nord-Africains. Synonyme de bicot et de raton». Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les «mélanodermes», arabo-berbères et négro-africains, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par «ratonnade» une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.

Bougnoule finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, qui étaient en fait les défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera parfois d’une façon hideuse, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral.......

Un pays qui ignore son histoire a tendance à la répétition et les opérations de récupération paraissent inopérantes pour la pédagogie nationale. Il en va du salaire ethnique des anciens combattants «basanés» comme de l’exaltation du martyr du jeune résistant communiste Guy Môquet (6) qui demeurera, lui aussi sans portée thérapeutique aussi longtemps que ne seront dénoncés, ses bourreaux, ceux qui ont inscrit son nom sur la liste des suspects comme ceux qui l‘ont livré aux Allemands, c'est-à-dire la police française et le ministre de l’intérieur de l’époque, le lointain prédécesseur de Nicolas Sarkozy auteur de cette mystification mémorielle. ...

De la même manière que les marronniers sur les oubliés de la République continueront de relever d’un pur exercice de style aussi longtemps que le silence sera maintenue sur la rémunération ethnique comme la face hideuse du racisme institutionnel français.

Références

1- Cf.: «L’Empire dans la guerre» publication du service historique de l’armée, dont le document mentionne le critère religieux des soldats originaires d’Afrique. Ce document est publié en annexe du livre «Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français», René Naba/ Harmattan 2002

2- «Une théorie raciale des valeurs? Démobilisation des travailleurs immigrés et mobilisation des stéréotypes en France à la fin de la grande guerre» par Mary Lewis, enseignante à la New York University, in «L’invention des populations», ouvrage collectif sous la direction d’Hervé Le Bras (Editions Odile Jacob).

3- «La France dans toutes ses déclinaisons, A propos du rôle positif de la colonisation: Déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française» Cf. :«De notre envoyé spécial, un correspondant sur le théâtre du monde» René Naba Harmattan Mai 2009

4- «Les penchants criminels de l’Europe démocratique»- Jean Claude Milner - Editions Verdier 2003

5- A propos du terme Bougnoule, ses origines, sa définition et sa portée symbolique: http://latelevisionpaysanne.fr/video.php?lirevideo=109#109

Et dans sa version mixée en reggae : http://www.jamendo.com/us/album/972/

6- «Cf.: «Comment Nicolas Sarkozy écrit l’Histoire de France» de l’affaire Dreyfus à Jean Jaurès à Guy Môquet, au plateau de Glières. Par Laurence de Cock, Fanny Madeleine, Nicolas Offenstadt et Sophie Wahnic- Editions Agone 2008.



René Naba : Ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information, est l’auteur notamment des ouvrages suivants : —« Liban: chroniques d’un pays en sursis » (Éditions du Cygne); « Aux origines de la tragédie arabe"- Editions Bachari 2006.; "Du bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français"- Harmattan 2002. « Rafic Hariri, un homme d’affaires, premier ministre » (Harmattan 2000); « Guerre des ondes, guerre de religion, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen » (Harmattan 1998).






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AMERE PATRIE

Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur. (proverbe africain)



DE NOMBREUX COMBATS SONT A MENER DANS LA SOCIETE DANS LAQUELLE NOUS VIVONS;J'AI CHOISI LE MIEN :LA BATAILLE CONTRE L'INJUSTICE.
DANS CET ORDRE D'IDEE,UN DE MES CHEVAUX DE BATAILLE EST LA SITUATION DES ANCIENS COMBATTANTS AFRICAINS TRAHIS PAR LA FRANCE.

LA FRANCE SE DOIT UN DEVOIR DE MEMOIRE AFIN QUE JUSTICE SOIT RENDUE AUX MILLIONS D'AFRICAINS MORTS POUR UN PAYS QU'ILS CROYAIENT LEUR PATRIE.
AINSI PLUS DE 5 .5MILLIONS D'AFRICAINS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE ,DE L'AFRIQUE EQUATORIALE FRANCAISE ,L'AFRIQUE DU NORD FRANCAISE (MAROC,ALGERIE,TUNISIE),ONT ETE CONSCRITS DANS L'ARMEE FRANCAISE.
PLUS DE 2.5 MILLIONS SONT MORTS EN FRANCE DANS LA SOMME,A VERDUN....,A BIR HAKEIM EN LYBIE.


CE DEVOIR DE MEMOIRE SERA RETABLI QUAND LA FRANCE RECONNAITRA LA CITOYENNETE FRANCAISE IPSO FACTO AUX DERNIERS SURVIVANTS AINSI QU'AUX ENFANTS , PETITS ENFANTS ET ARRIERES PETITS ENFANTS DE CES HEROS AFRICAINS QUI ONT VERSE LEUR SANG POUR QUE LA FRANCE DEMEURE UN PAYS LIBRE.

COMBATTRE LA FALSIFICATION DE L'HISTOIRE TEL EST AUSSI L'AUTRE BUT DE MON BLOGUE.
LA VERITE SUR CES FAITS HEROIQUES DES VALEUREUX TIRAILLEURS AFRICAINS DEVRA AUSSI ETRE RELATEE DANS TOUS LES LIVRES D'HISTOIRE DE FRANCE ET DE NAVARRE.

CE BLOGUE EST DEDIE A LA MEMOIRE DE TOUS CES HEROS AFRICAINS DES DEUX PREMIERES GUERRES MONDIALES AUJOURDHUI DISPARUS ET AUX SURVIVANTS DES GUERRES ( 1939-45), D'INDOCHINE ET D'ALGERIE.

E. do REGO

LA FRANCE ET SES NOIRS DEPUIS L'ESCLAVAGE

Le 10 mai 2006, la France commémore pour la première fois de
son histoire, l'abolition de l'esclavage.

Ce documentaire, tourné en
France métropolitaine, aux Antilles et au Sénégal, soulève la "question
noire" qui se pose aujourd'hui.

Voir la video en cliquant sur le lien ci-dessous:

http://video.kemmiou.com/index.php?welches=view&ref=catSearch&addRef=1&wID=383&PHPSESSID=088e40ad402eea846ece816aebc6b853

NOIRS - L'IDENTITE AU COEUR DE LA QUESTION NOIRE EN FRANCE

NOIRS - L'IDENTITE AU COEUR DE LA QUESTION NOIRE

Durée : env. 50mn

Le 10 mai 2006, la France commémore pour la première fois de son histoire, l'abolition de l'esclavage. Ce documentaire, tourné en France métropolitaine, aux Antilles et au Sénégal, soulève la "question noire" qui se pose aujourd'hui. Il s'agit d'un sujet brûlant et parfois confus découlant souvent d'une méconnaissance de l'histoire de l'esclavage et de la décolonisation entretenue dans le pays. Quels sont les effets de la traite négrière et de la colonisation dans la représentation des Noirs au sein de la société française actuelle ? Existe-t-il une histoire commune à tous les Noirs ? En quoi le travail de mémoire est-il indispensable ? Quel lien peut-il exister entre un Antillais et un descendant de tirailleur sénégalais qui se retrouvent autour de revendications semblables ? Quelle est la condition noire et où en est l'intégration de cette minorité ethnique en France ? S'appuyant sur de nombreux témoignages parmi lesquels ceux de Christiane Taubira, Disiz La Peste ou Aimé Césaire, ce film tente de répondre à ces questions. Mené sous la forme d'une enquête et ponctué d'images d'archives, il retrace aussi les différentes périodes historiques qui ont lié la France à la communauté noire.

1ère partie: http://www.dailymotion.com/visited/wanzea/video/xuc1p_noirs-1ere-partie

http://wanzea.free.fr/

Tuesday, May 23, 2006

UNE IMAGE VAUT MILLE MOTS



Les Tirailleurs Sénégalais du 24è RTS dans la tourmente de 1940
Devoir de mémoire
France mai-juin 1940

A la mémoire de tous les Officiers, Sous-Officiers européens et africains, ainsi qu'à tous les Tirailleurs et Marsouins, qui connurent une fin tragique en juin 1940.

* Commandant Bouquet
* Capitaine Ris
* Lieutenant Roux
* Lieutenant Erminy
* Lieutenant Rotelle
* Lieutenant Planchon
* Capitaine Speckel (*)
* Lieutenant Brocart (*)
* Lieutenant Méchet (*)



* Capitaine Bébel
* Capitaine N'Choréré (**)

Abattus pour avoir simplement
voulu
défendre leurs hommes
(*) 16è RTS. Abattus du seul fait
de la couleur de leur peau.

(**) 53è RICMS ancien capitaine au 24è RTS
.

REMERCIEMENTS

A ceux qui furent en 1939 et 1940 les :
Sergent-Chef Jean Boluix 3/24è RTS
Soldat Marius Carrière EM/24è RTS
Capitaine Roger Lambert 1/24è RTS
Sergent Paul Gheysens 1/24è RTS
Caporal-Chef Maurice Fauveau 2/24è RTS
Soldat René Poujade 2è RIC
Lieutenant René Lambert 16è RTS
Aspirant Robert Dietrich 41è RMIC
Caporal-Chef Roger Terrieu 52è DBMIC
Brigadier-Chef Marc Bouquet 28è RICMS
Soldat Denis Champel CDT/24è RTS
Soldat Marius Girard CHR/24è RTS

Depuis 1997 une violente polémique soulève l'Allemagne quant au rôle supposé de son armée régulière dans les crimes de guerre perpétrés durant la seconde guerre mondiale. A ce sujet, plusieurs articles sont parus dans les colonnes de la presse nationale et régionale, notamment dans celles du quotidien "l'Indépendant". Ils avaient trait aux manifestations hostiles provoquées en Allemagne, par une exposition itinérante, sur le rôle actif de l'armée allemande dans les crimes commis entre 1939 et 1945. Il s'en est suivi outre-Rhin, une prise de conscience qui dérange l'Histoire officielle, et qui établit enfin les responsabilités de chacun. Les crimes de guerres n'étaient pas uniquement imputables aux "Waffen SS", mais aussi à des unités de l'armée régulière, qu'ils ne se limitaient pas à la Pologne et à l'ex URSS, mais avaient été perpétrés sur d'autres fronts, ordonnés et exécutés. Malgré tout, des tentatives de négations de ces crimes furent avancées par des mouvements conservateurs, l'Armée, ne pouvait avoir mal agi.

Mais les faits sont têtus, ils s'imposent à nous, et même s'ils ne furent pas systématiques, ces actes ont bel et bien été perpétrés contre des soldats français, et tout particulièrement contre des soldats africains, ces troupes noires que les allemands haïssaient, qu'ils qualifiaient de sous-hommes, mais qu'ils redoutaient. En quoi pouvons nous nous sentir concernés 60 ans après, par ces affrontements, nous autres catalans, et qui se souvient aujourd'hui des Tirailleurs Sénégalais à Perpignan? Assurément peu de monde, pourtant, leur présence en terre catalane a duré plus de quinze années, juste après la fin du premier conflit mondial, pour s'achever tragiquement en juin 1940. Il est de notre devoir, de ne pas oublier ce qui va suivre.

La réorganisation des Troupes Coloniales.

La fin de la première guerre mondiale est marquée par une profonde réorganisation des Troupes Coloniales. La pénurie de main d'oeuvre due aux pertes effroyables consenties pendant le premier conflit mondial (1.355.000 morts et 3.595.000 blessés), explique en partie cette situation. De plus les rigueurs budgétaires imposées par l'effort de reconstruction, et l'absence de menace de la part de l'Allemagne vaincue, ont raison d'une grande partie de l'infanterie française. Les Troupes Coloniales voient près de 80% des régiments qui la composent dissous. Seuls subsistent en tant que régiments blancs, les 3è, 21è, 23è RIC en métropole, les 9è et 11è RIC en Indochine, et le 16è RIC en Chine. C'est ainsi que disparaît en 1923 le 24è RIC qui tenait garnison depuis sa création à Perpignan. Il s'était pourtant brillamment illustré pendant tout le conflit perdant plus de 8000 hommes et décrochant la croix de la Légion d'Honneur.

Paradoxalement, alors que sont dissous les régiments blancs de l'infanterie coloniale, des formations africaines plus connues sous l'appellation de Tirailleurs Coloniaux puis en 1926 sous l'appellation générique de Tirailleurs Sénégalais, sont crées. Ce sont les 4è, 8è, 12è, 14è, 16è, et 24è régiments de tirailleurs sénégalais (RTS), qui seront implantés dans des garnisons du sud de la France. Tout comme les unités Nord-Africaines, (Tirailleurs Algériens, Tunisiens, Marocains), les RTS s'avèrent plus économiques et plus dociles, que les unités blanches. C'est ainsi que Perpignan récupère un régiment colonial, le 24è RTS, régiment qui malgré sa nouvelle appellation et sa composition, hérite des traditions et du drapeau aux huit inscriptions de son prédécesseur.

Lors de la guerre du Rif (1924-1927), le 24è, en tout ou partie, participe avec d'autres formations coloniales ou métropolitaines, aux opérations de pacification du Maroc, avant de retourner définitivement dans sa garnison d'origine. Il s'illustre à Bab-Taza, M'sila, El Hadar, et Fès el Bali, décrochant une nouvelle inscription au drapeau "Maroc 1925". Les inscriptions étant limitées à huit, cette neuvième inscription viendra compléter celle déjà existante "Maroc 1908-1913". En 1939 lors de la reconstitution en Syrie du 24è RIC sous l'appellation de 24è régiment de marche d'infanterie Coloniale (RMIC), le 24è RTS recevra un nouveau drapeau où ne figurera que l'inscription "Maroc 1925-1927). Celle présente sur le drapeau du 24è RIC sera effacée.

Inscriptions au Drapeau de 1923 à décembre 1939, drapeau du 24è RIC détenu par le 24è RTS.

SEBASTOPOL 1854-1855
TUYEN QUANG 1885
TANANARIVE 1895
TIEN TSIN 1900
MAROC 1908-1913.1925
LA MARNE 1914
LA SOMME 1916
L'AISNE-REIMS 1917-1918


Inscription au Drapeau à partir de décembre 1939 pour le 24è RTS.

MAROC 1925-1927

Inscriptions au Drapeau à partir d'octobre 1939 pour le 24è RMIC, qui reprend celles du 24è RIC moins celle gagnée par le 24 RTS.

SEBASTOPOL 1854-1855
TUYEN QUANG 1885
TANANARIVE 1895
TIEN TSIN 1900
MAROC 1908-1913
LA MARNE 1914
LA SOMME 1916
L'AISNE-REIMS 1917-1918

Les Africains à Perpignan.

Régiment de près de 2000 hommes, le 24 RTS est articulé en 3 bataillons. Deux d'entre eux sont stationnés à Perpignan ( les 2/24è RTS et 3/24è RTS), et le dernier à Sète (1/24è RTS). Il aligne 15 compagnies, dont 9 de combat (ou de voltigeurs), et 3 compagnies d'appui aux bataillons. La CRE (compagnie régimentaire d'engins) est composée de sections de mitrailleuses montées sur mulets, de canons de 25 m/m (une batterie), d'engins de transport chenillés, de mortiers. La CHR (compagnie hors rang), comprend les services divers et le ravitaillement. La CDT (compagnie de commandement) comprend l'etat-major, les transmissions, et le peloton motocycliste.

A Perpignan, le 24è RTS occupe :

La totalité de la citadelle (état major, CHR, 2/24è RTS et dépôts du régiment de réserve).
La caserne Joffre, ou caserne des Espalnades, 3/24è RTS.
La caserne St Martin ou caserne Dugommier, détachement du 2/24è RTS.
La caserne Galliéni (compagnie de mitrailleuses, écuries).
La caserne Mangin (bureau de recrutement et centre mobilisateur 169).
La caserne Dagobert (infirmerie de garnison).
Le couvent des Minimes (intendance et dépôts).
Le couvent de Carmes (arsenal, artillerie régimentaire, écuries).
Le Serrat d'en Vaquer (dépôt de munitions).
Le champ de Mars terrain de manoeuvres, où seront un temps hébergés les réfugiés espagnols.
Le camp de Rivesaltes à partir de 1940 (transit et renforts).
La caserne St Jacques sera cédée et transformée en appartements locatifs à la ville de Perpignan, juste après la guerre de 14/18, après récupération de la caserne Joffre.

Les personnels, à l'exception des officiers et de la majeure partie des sous-officiers, sont africains, provenant pour l'essentiel, des colonies de l'Afrique Occidentale Française (A.O.F). Ce sont principalement des Bambaras, des Ouolofs, et des Mossis, groupes ethniques réputés pour leur grande tradition guerrière, et dont les meilleurs d'entre eux deviendront sous-officiers. Toutefois d'autres contingents sont présents à Perpignan, tels que les Malinkés, Soussous, Toucouleurs, Sombas et Foulas, le mélange de tous ces hommes empêchant la domination d'un groupe sur un autre. On y trouve des engagés, et des appelés.

Les engagés volontaires, sont le plus souvent motivés par la perspective d'une retraite proportionnelle, après 15 années de service, par le changement de statut social dû à leur condition de soldat ou d'ancien soldat français, par le fort désir d'échapper au travail forcé (qui ne sera véritablement dénoncé qu'en 1948), et aussi par la découverte de la France.

Les appelés, tirés au sort lors du conseil de révision, ou désignés d'office par les chefs traditionnels et les conseils des anciens, servent pour une durée de 3 ans dans les RTS. En revanche, les sénégalais issus des "quatre communes du Sénégal" (Dakar, Saint-Louis du Sénégal, Thiès et Rufisque), bénéficient d'un statut spécial. Ils servent à ce titre dans les régiments d'infanterie coloniale (RIC), pour une durée de service égale à celle des appelés métropolitains. Ce même privilège est accordé aux Antillais, et aux ressortissants des Etablissements Français de l'Inde. Quelques appelés métropolitains, guère plus d'une centaine, originaires des Pyrénées Orientales ou des départements limitrophes, servent à la CHR (compagnie hors rang) qui comprend l'état major et les services.

En 1935, le 24è RTS part comme d'autres troupes en occupation en Allemagne pour une durée assez brève, puis de 1936 à 1939, il est employé à la garde des frontières. Lors de l'exode des républicains espagnols, plus connu sous le terme de "retirada", près de 500.000 réfugiés civils et militaires espagnols déferlent dans le département des Pyrénées Orientales. Les sénégalais ont pour mission de contrôler le col du Perthus. Les ordres émanant des autorités civiles sont stricts : "on ne passe pas en armes". Ils seront appliqués au pied de la lettre, tant et si bien que les troupes noires devront être retirées, car jugées "trop brutales". Elles seront néanmoins employées après la déclaration de la guerre (décembre 1939 à avril 1940), avec des troupes nord-africaines, à la garde des camps de St-Cyprien, d'Argelès, du Barcarès et à celui de Rivesaltes en cours de construction. Toutefois, dès la création des camps de regroupement, le 24è RTS détache des hommes de la CHR (cuisiniers et cuisines roulantes) pour assurer avec le peu de moyens disponibles la subsistance des réfugiés espagnols.

La Mobilisation

Sur la scène internationale, les événements se précipitent, la Pologne est attaquée par l'Allemagne, la France entre en guerre. Le 24è RTS aux ordres du colonel Alexandre, est déjà l'une des composantes de la 4è Division d'Infanterie Coloniale (DIC), dont le PC est à Toulouse. Elle comprend outre le 24è RTS, le 16è RTS stationné à Montauban, Castelsarazin et Cahors, le 2è RIC de Brest, le 12è régiment d'artillerie coloniale (RAC) d'Agen, et le 212è régiment d'artillerie coloniale lourde d'Auch. Les troupes coloniales blanches et noires, fournissent 8 divisions d'infanterie immédiatement opérationnelles, les troupes nord-africaines quant à elles, 12 divisions. Les effectifs renforts compris de la Coloniale et de l'Armée d'Afrique représentent près de 20% des 110 divisions que la France peut aligner.

En temps de guerre, chaque régiment met sur pied un régiment de réserve, le 24è RTS donne naissance au 44è Régiment d'Infanterie Coloniale (RIC) dont le dépôt est à Cabestany (commune proche de Perpignan). Ce régiment est composé en partie de cadres et d'engagés longue durée du 24è RTS, d'appelés de rappelés, ou de réservistes métropolitains. En avril 1940 les renforts venus de l'AOF remplaceront une partie des "vieux réservistes", le 44è RIC deviendra 44è RICMS (Régiment d'Infanterie Coloniale Mixte sénégalais). Quelques semaines avant la mise sur pied de guerre du régiment, le 2/24è RTS est envoyé avec d'autres éléments en renfort des troupes stationnées en Syrie, pour former le bataillon de marche d'infanterie coloniale du Levant qui prendra en octobre l'appellation de 24è RMIC.

Le 27 Août 1939, le 4/21è RIC détaché dans les Pyrénées Orientales au dispositif de surveillance de la frontière espagnole, et à la garde des camps de réfugiés, est rattaché au régiment, devenant 2/24è RTS. Ce même jour, la 4è DIC est envoyée sur le front d'Alsace, le 44è RICMS rejoint la 5è DIC dans la Meuse, Mais le départ des régiments ne donne pas lieu, de la part de la population civile, à l'enthousiasme qu'elle manifestait en 1914.

Chaque division coloniale, à l'exception de la 3è DIC totalement "blanche" (1er, 21è, 23è RIC) est composée de 2 régiments noirs (RTS) ou mixtes (RICMS), d'un régiment blanc (RIC) et de 2 régiments d'artillerie (RAC) composés pour partie d'africains ou de malgaches. La France s'installe dans ce que l'on a appelé "la Drôle de Guerre". Aucune action militaire sérieuse, si ce n'est quelques coups de mains au-delà de la ligne Sigfried, n'est engagée.

Les troupes noires, comme en 1915-1919 sont retirées du front et dirigées vers les cantonnements d'hiver des troupes coloniales. Les 24è et 16è RTS sont remplacés au sein de la division par le RICM (Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc), totalement composé de soldats professionnels, et le 4è RIC, composé quant à lui de réservistes. Du 20 octobre au 26 novembre, le 24è RTS sera en instruction sur la côte d'azur.

Il occupe les cantonnements suivants :

Le 1/24è RTS au Castellet.
Le 3/24è RTS à Sanary.
Le 2/24è RTS, CHR, CRE au Bausset.

Le 26 novembre, le régiment quitte la région de Toulon, pour rejoindre Perpignan et Tautavel, en relève d'un régiment de Chasseurs. Il est affecté à la garde des camps de réfugiés de St-Cyprien et d'Argelès (1/24è RTS, et 3/24è RTS), ainsi qu'à la sécurité des frontières (2/24è RTS) secteur Arles sur Tech à Prats de Mollo. Les bataillons sont progressivement dégagés de ces servitudes, pour ne conserver que la garde du camp d'Argelès, et parfaire l'instruction des hommes. Le 2/24è RTS (bataillon blanc, anciennement 4/21è RIC), est remplacé par des renforts en provenance d'A.O.F.

Les Tirailleurs sénégalais au combat.

Le 5 avril 1940, retour au front, le 24è RTS rejoint la 4è DIC en Alsace (secteur de la ligne Maginot), où il est employé à l'organisation des positions de combat, à la construction de blockhaus, et au creusement de fossés antichars.

Le 10 mai, les allemands percent le front français à Sedan, lançant à pleine puissance leurs forces mécanisées. La 4è DIC est déplacée en train dans la Somme, pour arrêter l'avancée ennemie vers la mer. Ce n'est que le 20 mai, après avoir essuyé plusieurs bombardements aériens et perdu, lors d'un déraillement près de 200 hommes, que les éléments précurseurs de la 4è DIC rejoignent la banlieue d'Amiens. Le 24è RTS rejoint en ordre dispersé, l'état-major, la compagnie de commandement et la CRE arrivent le 20 mai, les trois bataillons ne rejoindront par la route que le lendemain au mieux, voire le surlendemain pour faire leur jonction avec les unités amies. La 4è DIC couvre à elle seule un front de près de 20 kilomètres, soutenue à l'Est par la 7è Division Nord-Africaine (DINA), a l'Ouest en direction d'Abbeville par la 5è DIC (dont fait partie le 44è RICMS). Cinq divisions d'infanterie métropolitaine (16è et 24è DI à l'Ouest, 19è, 29è, 47è DI à l'Est) et une autre division coloniale (7è DIC à l'Ouest) viennent compléter ce dispositif.

Du 20 mai au 4 juin, les coloniaux contiendront l'avance allemande au-delà de la Somme, sans toutefois réduire les têtes de pont d'Abbeville et d'Amiens.

Du 5 juin au 10 juin, les allemands lancent leur offensive générale de la Meuse à la baie de Somme, soit près de 10 divisions (2000 chars d'assaut, une aviation supérieure, omniprésente, et un million de fantassins), contre 9 divisions françaises dont deux légères blindées.

Le 24è RTS occupe la position centrale du système défensif de la 4è DIC, épaulé à l'est, secteur de Corbie par le 16è RTS, et à l'ouest, secteur de Longueau, par le 2è RIC. C'est à partir de Bois l'Abbé, que le 1/24è RTS reçoit pour mission de reprendre le village d'Aubigny, tête de pont de l'avancée allemande sur la Somme. Le village d'Aubigny sera pris après de violents combats au corps à corps le 24 mai, abandonné sous un déluge de bombes pour être en partie reconquis le 28 mai. L'attaque échouera faute d'un appui sérieux de l'artillerie et de la compagnie de chars mise à la disposition des tirailleurs. Au cours des combats du 24 mai, les soldats de la Wehrmacht, rendus furieux par leurs très lourdes pertes, achevèrent les sénégalais blessés qui n'avaient pu être évacués, ou qui n'avaient pu regagner leurs lignes. Au soir du 24 mai, le 1/24è RTS comptait 4 officiers tués, 6 blessés, 40% des tirailleurs qui formaient le 1/24è RTS ont été tués ou portés disparus, 50% des gradés sont hors de combat. Les pertes étaient telles que lors de l'attaque du 28 mai un bataillon mixte dut être constitué avec une compagnie prise sur l'effectif de chaque bataillon, 3è Cie du 1/24è RTS, 5è Cie du 2/24è RTS et 10è Cie du 3/24è RTS.

Malgré les panzers, les bombardements incessants de l'aviation et de l'artillerie ennemie, le 24è RTS organisé en points d'appuis bien espacés, maintient ses positions jusqu'au 8 juin, infligeant aux colonnes blindées de très lourdes pertes avec son artillerie régimentaire (400 chars ennemis sont déclarés détruits sur le front de la Somme).

Combats pour l'Honneur.

Le 8 juin au matin, l'ordre de retraite générale est notifié au lieutenant-colonel Fabre qui remplace le colonel Alexandre à la tête du 24è RTS. "Une vague de mécontentement se manifeste parmi les hommes qui ne comprennent pas qu'on ait exigé d'eux un travail surhumain pour la mise en état de défense les positions (transport de tous les approvisionnements en vivres et munitions), d'avoir jusqu'à 1 heure du matin mis la main aux derniers détails, et brusquement, l'ordre de tout quitter, de tout abandonner, alors que chacun s'était fait à l'idée de se sacrifier s'il le fallait sur place, et tous attendaient l'attaque avec une grande confiance" (rapport du lieutenant-colonel Fabre commandant le 24è RTS). Mais de part et d'autre de la 4è DIC, le front craque, la 7è DINA est débordée par l'est. Plus loin vers Abbeville, la 5è DIC et les catalans du 44è RICMS sont désintégrés lors des combats des 5 et 6 juin, les deux divisions d'infanterie qui devaient assurer la liaison entre la 4è et la 5è DIC n'existent plus, ou ont décroché prématurément, laissant des trous béants dans les dispositifs de défense.

Le 2è RIC sacrifie une partie de ses bataillons en retardant l'avance ennemie, ou en se portant au secours d'unités amies, puis s'est au tour du 24è RTS d'assurer le repli, à pied de la 4è DIC, ou de ce qu'il en reste. La progression s'effectue à travers champs, par unités constituées, par groupes, sous-groupes, ou colonnes hétéroclites. Les routes quant à elles sont encombrées de toutes sortes de véhicules, de convois hippomobiles de cinq divisions, ainsi que de nombreux civils qui cherchent dans la fuite un hypothétique salut. C'est une mission d'arrière garde et de sacrifice, qui mènera le régiment des bords de la Somme à ceux de l'Oise, où attaques, contre-attaques et charges à la baïonnette se succéderont jusqu'à épuisement des munitions. Castel, Merville aux Bois, Mailly-Raineval, Ravenel, Léglantier, Angivillers, Lieuvillers, Erquinvillers, et Cressonsacq, autant de lieux de combats, de souffrances et de sacrifices jalonnés par les tombes des tirailleurs.

Beaucoup d'hommes seront tués au combat, d'autres faits prisonniers et un certain nombre purement et simplement fusillés du simple fait qu'ils étaient noirs. C'est ainsi que le 9 juin, les débris des 24è et 16 è RTS, du 2è RIC et d'autres formations n'appartenant pas à la division (10è régiment de tirailleurs marocains, 610è Pionniers, 78è régiment d'infanterie) sont encerclés dans le secteur compris entre Angivillers et Erquinvillers (Oise). Les hommes sont à bout de force après 15 jours de combats incessants, et une retraite à pied de plus de 50 kilomètres. "Le 9 juin à 21h00 le lieutenant-colonel de Negreval, officier le plus ancien dans le grade, commandant le 2è RIC, réunit tous les officiers des formations présentes dans le secteur. Ordre est donné de forcer le passage vers le sud. Tout le matériel est détruit, les archives brûlées. Les bataillons doivent se fractionner en groupes de 30 à 50 hommes, avec pour chaque groupe un officier et un sous-officier européen, les sénégalais ne devant être abandonnés en aucun cas" ( Rapport du chef de bataillon Cotten commandant le 3/24è RTS). A 22 heures, les départs s'effectuent dans l'ordre suivant 2è RIC, 16è RTS, 24è RTS et éléments divers. Vers minuit, les premiers éléments du 24è RTS (3è bataillon) quittent Angivillers sous le feu ennemi.

Le lieutenant-colonel Fabre restera dans Angivillers, organisant les positions de défense avec près de 300 hommes qui ne pouvaient suivre, il sera capturé le matin du 10 juin après de brefs mais durs combats. Dans la nuit du 9 au 10 juin, le capitaine Bébel, adjudant-major au 3/24è RTS, originaire de la Guadeloupe, et ses 60 tirailleurs, prend la tête d'une contre attaque désespérée à la baïonnette, il ne dépassera pas Erquinvillers. Blessé, la jambe fracassée, il sera abattu le 10 juin. A bout de forces, sans ravitaillement depuis plusieurs jours, et à court de munitions, les défenseurs d'Erquinvillers, qui n'avaient pu forcer les lignes allemandes, se rendront. Ils seront fusillés systématiquement (plus de 40 cas sur les 130 morts recensés dans le cimetière). "Les allemands occupent maintenant Lieuvillers et Erquinvillers (les combats auront duré de 1h00 à 5h00), il ne reste plus qu'à nettoyer, une à une les maisons dans lesquelles les soldats se sont retranchés. Beaucoup de ces soldats ont péri dans les maisons incendiées. Le nettoyage est fait sans pitié, dans les rues du village et dans les récoltes, c'est une vraie chasse à l'homme. Les maisons dont les défenseurs refusent de se rendre sont incendiées. La plupart des soldats capturés sont fusillés sur place. Bien souvent les allemands les obligent à creuser eux mêmes leur tombe". (Récit de Monsieur Durossoy, Maire de Lieuvillers de 1945 à 1977).

Les ordres sont respectés, les éléments constituant la 4è DIC se sont scindés en groupes plus ou moins importants. On se bat à Noroy, Cugnières, Valescourts, St Remy en l'Eau, Lamecourt... Le Lieutenant Méchet du 2/16è RTS est abattu avec ses 7 tirailleurs à Bailleuil le Soc, le même sort attend l'adjudant Clanet du 24è RTS et ses 9 tirailleurs à Remecourt. Plus loin sur la commune de Cressonsacq, au lieu-dit bois d'Eraines, des actes identiques furent perpétrés le 11 juin, les officiers qui tentaient de s'interposer subirent le même sort. C'est ainsi que seront abattus d'une balle dans la tête, le chef de bataillon Bouquet (2/24è RTS), le capitaine Speckel et le lieutenant Brocart (16è RTS), le capitaine Ris, les lieutenants Roux, Erminy, Rotelle et Planchon tous du 24è RTS (ces officiers appartenant tous vraisemblablement au 2/24è RTS), ainsi que de nombreux sous-officiers et tirailleurs. Leur seul "crime", était d'avoir commandé et défendu leurs troupes noires, face à la haine raciale de leurs adversaires. Certains officiers dont le lieutenant-colonel Fabre à Angivillers, le médecin-lieutenant Hollecker à Léglantiers parvinrent à sauver leurs hommes, mais seuls quelques 90 isolés parvinrent à passer au travers des lignes allemandes, et à franchir l'Oise. De la 4è DIC, il ne restait que la valeur d'un bataillon d'infanterie : 200 hommes du 2è RIC, 300 hommes du 16è RTS, 90 hommes du 24è RTS, le II/12è RAC, la 16è batterie du V/212è RAC, le VIè groupe du 212è RAC, ainsi que les 90% du 74è GRDI (!). Ces éléments furent toutefois maintenus en ligne au nord de Paris, puis sur Ris-Orangis, Malesherbes, et enfin La Loire en amont de Brioude. "Les éléments du 24è RTS qui ont ainsi rejoint Montauban comptaient 5 officiers (commandant Seguin, capitaine Lambert, sous-lieutenant Debois, aspirants Chabrier et Mercier), 5 européens (adjudant-chef Sahonnet, sergent Gheysens et 3 hommes de troupe) et 15 africains" (Témoignage du capitaine Lambert 3è Cie du 1/24è RTS). Ils furent dirigés sur Perpignan le 8 juillet où les attendait depuis plusieurs jours la colonne auto avec sa vingtaine de véhicules, et le drapeau du régiment. Les 1/16è RTS et 2/16è RTS ne passeront pas les premières lignes de défense allemandes. Les villages de Sains-Morainville, Magnelay, Ravenel, La Neuville au Roy, Lieuvillers, sont le théâtre de violents combats qui dureront toute la nuit du 9 au 10 juin. Seul le 3/16è RTS parviendra jusqu'à la Loire où il disparaîtra à son tour. L'état des pertes était tel, qu'en 1964 il était toujours impossible, vu l'incroyable nombre des disparus de donner un chiffre précis des pertes du 24è RTS
.

Des faits analogues se produisirent dans le secteur de la 5è DIC. Cette division comprenait l'autre régiment catalan, le 44è RICMS, appuyé par le 53è RICMS et deux régiments d'artillerie. Il manquait à cette division un régiment d'infanterie, le 22è RIC, détaché auprès d'une division légère blindée.

Les 5 et 6 juin, près de Picquigny, entre Abbeville et Amiens, seuls 30 hommes du 1/44è RICMS réussirent à forcer l'étau allemand. Les autres furent soit tués au combat, soit fait prisonniers. A Hangest près de Condée Folie, certains tirailleurs du même régiment furent immédiatement abattus après leur capture (témoignage du sergent-chef Chaminant). Les combats furent si violents que la presse allemande (Pommersche Zeitung) cita les combats avec les coloniaux en ces termes : "les Français combattirent avec acharnement, les noirs utilisaient jusqu'au bout chaque possibilité de défense, chaque maison était défendue. Pour briser cette résistance, il fallut mettre en action les lance-flammes, et pour venir à bout des derniers sénégalais, les tuer un à un." Le 53è RICMS, quant à lui, avait face à ses positions la division Rommel, soit près de 8000 hommes et 250 chars. Il vécut lors des journées des 5 et 6 juin, les mêmes tragédies que celle de Condé Folie où les tirailleurs combattants ou prisonniers furent carbonisés, et les mêmes horreurs qu'à Hangest. Enfin à Airaines, le 7 juin, après deux jours de corps à corps, le capitaine N'Choréré (l'un des rares officiers "indigène"), originaire du Gabon, et les survivants de la 7è compagnie du 2/53è RICMS furent fusillés par les hommes de Rommel.

Le 25 juin 1940, en application des accords d'armistice, tous les régiments africains seront dissous, y compris ceux de la 9è DIC (27è RICMS au camp de Souge et 28è RICMS au camp de Rivesaltes) en cours de formation. Seuls subsisteront en métropole comme Troupes Coloniales le 2è RIC à Perpignan et le 21è RIC à Fréjus. Pour Vichy, la présence des troupes noires dans l'armée métropolitaine d'armistice est absolument exclue, et ce malgré la présence d'un fort contingent de tirailleurs dans les Centres de Transit des Troupes Coloniales Indigènes de Rivesaltes et Fréjus (CTTIC). Seule, l'Afrique Noire, l'Afrique du Nord et le Levant (Syrie et Liban) accueillent les tirailleurs sénégalais. Hasard de l'organisation et de la numérotation des régiments, en 1939 le 24è Régiment de Marche d'Infanterie Coloniale du Levant (RMICL) est crée à Damas avec certains éléments du 2/24è RTS, tout droit issus du 24è RIC stationné à Perpignan de 1902 à 1923, dont il reprend les traditions et le drapeau. Un de ses bataillons stationné à Chypre, rejoindra dès juin 1940 la France Libre pour former le Bataillon d'Infanterie de Marine qui s'illustrera plus tard à Bir-Hakeim. Le drapeau du 24è RMICL sera ramené à Perpignan, après les combats fratricides de Syrie en 1941, rejoignant dans la salle d'honneur du 2è RIC (tour Charles Quint de la citadelle de Perpignan) celui du 24è RTS sauvé un an plus tôt.
Le 24è aura ainsi combattu partout jusqu'au bout.

Aujourd'hui, à l'heure où certains remettent en cause en Allemagne l'existence de tels actes, ou que d'autres voudraient réécrire l'Histoire en l'expurgeant de ses côtés déplaisants, qui se souvient des Tirailleurs Sénégalais? A Perpignan, il ne reste d'eux qu'un superbe monument aux morts, place Jean Moulin sur la façade de la caserne Joffre (coïncidence c'est ce même héros de la Résistance Française, qui le 17 juin 1940, alors sous préfet de Chartres refusa de justifier les exactions des troupes allemandes à l'encontre des tirailleurs sénégalais, allant dans son refus jusqu'à se trancher la gorge). Mais rien ne rappelle les souffrances endurées et l'effroyable fin de ces hommes que la France avait appelés pour la défendre. Ces Bambaras du Mali, Ouolofs du Sénégal, Malinkés de Guinée, Mossis de Haute Volta et Sombas du Dahomey, avaient pour devise "Marche Sempre Maï Morirem" (devise Catalane : marchons toujours, jamais nous ne mourrons). Pour les habitants d'Aubigny et d'Erquinvillers, leur mémoire est toujours vivante eux qui ont baptisé une de leurs rues "rue du 24è RTS", et "rue de Tirailleurs Sénégalais", car il n'y a de véritable mort que dans l'oubli.

Epilogue:

En juillet 1985 décédait à Estrées Saint Denis, Picardie, Jean Nouatin de son vrai nom Houmsou Nouatin, né 68 ans plus tôt près de Porto Novo colonie du Dahomey. Matricule 52 au 24è RTS, il fut blessé lors de la sortie d'Erquinvillers le 10 juin 1940. Il parvint toutefois à se cacher, et aidé par la population de Grandvillers, fut soustrait aux autorités allemandes, et à la Gestapo qui l'interrogea à plusieurs reprises. Il vécut sa vie durant en terre Picarde, celle là même qui vit tomber nombre de ses frères.
Ce texte a été fourni au site des Troupes de Marine par
Jean-François Mouragues Raymond Mouragues
ancien du 24è RIC et 24è RIMa

Les grades donnés sont ceux qu'ils avaient aux moments des faits. Je les remercie des informations et des documents mis à ma disposition, ainsi que des corrections apportées.

Les remerciements des auteurs vont aussi à :
l'Amicale des Anciens d'Outre-Mer du 24è RIMa et Anciens Combattant des Troupes de Marine des Pyrénées Orientales, et aux services des Sépultures Militaires des Départements de la Somme et de l'Oise.
Bibliographie : "Le 24è de Marine 1902-1980" du Colonel Baux. Edition du 24è RIMa. "Histoire des Troupes de Marine 1622-1984". Editions Lavauzelles. "Histoire du 24è RIMa". Editions Kérylos, Perpignan 1990. "Le Journal des Combattants" N°1991 du 07/06/1986. 80 r des Prairies 75020 Paris. Article de Monsieur R.J Poujade. "L'Ancre d'Or Bazeilles" revue des Troupes de Marine. Mai/Juin 1990. "Soldats Oubliés". Mémorial des Combattants d'Afrique. Editions Frères d'Armes. "Histoire de l'Armée Française en Afrique 1830-1962". Anthony Clayton. "Les Chemins de la Mémoire". Les soldats d'Outre-Mer 1939-1945. Publication du Ministère des Anciens Combattants. "Un héros des Troupes Coloniales, le chef de bataillon Gelormini". M Rives. Editions du 24è RIMa 1990.
http://www.troupesdemarine.org/traditions/histoire/hist009.htm

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